Ils ont cette grâce immense, les confirmés de cette fête de Pentecôte, de découvrir l’Église ! Les voici revêtus de la paix et de la joie véritables : celle que procure l’Esprit. Qu’ils viennent donc maintenant, porter au monde cette Espérance et qu’en faisant ainsi ils nous donnent à nous, déjà confirmés depuis des lustres, de goûter un peu de cette paix et de cette joie que leurs sourires communiquent si bien. Ne voyons-nous donc pas que ce trésor inouï, déposé dans les vases d’argile que nous sommes, est le bien le plus précieux ? Qu’il a infiniment plus de valeur que toutes les querelles qui agitent l'hyper microcosme catholique aujourd’hui en France, sous le regard ébahi (quand il se penche encore vers nous) d’hommes et de femmes qui n’y comprennent rien et n’y entendent qu’une chose, c’est que nous leur paraissons infiniment plus préoccupés de nous-mêmes que de toute autre réalité.
Quel visage donnons-nous de l’Église ?
Ces disputes n’auraient aucune importance si elles n’étaient portées sur la place publique via les réseaux sociaux : en s’y déversant, elles charrient de nous un visage qui est plus proche d’un groupe d’hystériques que de croyants. Nous ne nous divisons plus, nous commençons à nous haïr. Nous ne discutons plus, nous nous invectivons. Nous n’appliquons même pas les conseils que nous donnons aux autres lorsque nous parlons d’obéissance, de patience, de bonté. Nous adressons des suppliques aux autorités de l’Église qui ne concernent que nous-mêmes et nous oublions de manifester autant d’énergies pour secourir les pauvres, venir en aide aux malheureux. Nous exigeons d’être entendus et nous ne réclamons pas ce droit pour ceux dont Jésus nous dit pourtant qu’ils sont pour nous la porte du Royaume : malades, prisonniers, affamés et assoiffés, étrangers...
Demandez à ceux qui passent devant nos églises ce qu’ils pensent de nous, de quelle manière ils nous regardent. Pour avoir fait cette expérience récemment, j’ai été abasourdi du nombre de ceux qui répondent qu’ils ont été déçus, que nous ne sommes pas au niveau de leurs attentes. C’est qu’ils n’ont que faire de nos pointillismes idéologiques. Ils veulent être rencontrés pour ce qu’ils sont et entrer en dialogue avec ceux qui se veulent disciples de Jésus. Nous pouvons exiger d’eux des conditions pour dialoguer avec eux, mais alors de quel Évangile nous réclamons-nous alors ? Nous pouvons les entraîner dans nos passions ecclésiales, mais alors à quel amour les ouvrons-nous ?
Le dernier mot
Puisse cette Pentecôte nous le rappeler : nous ne sommes pas là pour faire triompher nos idées ou nos points de vue, mais pour servir, au nom du Christ, l’Humanité. Le reste n’est pas à la hauteur de l’appel que l’Esprit ne cesse de murmurer. Il le chuchote au milieu des coups de tonnerre de nos colères, des ouragans de nos combats, des tremblements de terre de nos menaces… Et il aura le dernier mot, parce qu’au bout du compte, la douceur l’emporte toujours sur la brutalité, la recherche paisible et humble conduit plus sûrement au Bien véritable que la prétention de tout savoir. Pourquoi alors perdrions-nous davantage de temps et de forces en excitations stériles et en combats de clochers, alors qu’il ne tient qu’à nous de partager avec les confirmés de Pentecôte la joie de se savoir aimé et la paix d’avoir à l’annoncer !