Sur la place Saint-Pierre, Monique, d’Avignon, explique avoir été conviée par une amie qui voulait assister à la canonisation de César de Bus, et s’être greffée à un groupe d’une soixantaine de personnes. « C’est un jour unique dans ma vie, quand je mourrais, j’aurais vue Rome », explique avec émotion celle qui visite pour la première fois la Ville Éternelle, et qui en a profité pour faire un tour à Assise.
Bruno est venu dans le même groupe pour assister à la canonisation du « Cavaillonais » César de Bus, et se dit impressionné par la ville de Rome qu’il découvre lui aussi. « Un peu comme Charles de Foucauld », il voit en son compatriote César de Bus un grand converti après une « vie un peu égarée ». Il salue aussi son travail de catéchiste, « pour que la Parole de Dieu soit accessible à tout le monde » à une période où on s’en éloignait.
Le docteur Xavier Dubuisson accompagne le même pèlerinage, et explique vivre cette canonisation comme une ouverture après deux ans et demi de pandémie. Lui qui a travaillé en Afrique se souvient avec émotion de son passage à Tamanrasset, où vécut Charles de Foucauld jusqu’à sa mort. Il se réjouit de voir l’ermite canonisé le même jour que son saint local, César de Bus.
Algérie et Liban représentés
Présent dans la foule, Mgr Paul Desfarges, archevêque émérite d’Alger, arbore un large sourire. La canonisation de l’ermite, confie celui qui est naturalisé Algérien, « est vraiment importante » pour son diocèse et son pays.
Jacques, originaire du Liban mais résidant aujourd’hui aux Pays-Bas, est venu avec un groupe de Rotterdam. Sa fille porte fièrement le drapeau au Cèdre sur ses épaules, lui un grand portrait de Charles de Foucauld. « Je suis venu pour Charles de Foucauld et pour Titus [Brandsma, ndlr], notre saint des Pays-Bas, c’est une grande joie », confie-t-il.
Antony, originaire du Sri Lanka mais qui habite à La Réunion, a fait un long déplacement pour assister la canonisation du « saint tamoul » Lazare Devasahayam. Il se dit touché par l’histoire de ce martyr : « À l’époque, on était tous hindous, mes ancêtres, puis on a été convertis », explique-t-il tout en soulignant que ces conversions suscitent encore l’incompréhension dans son pays.
Un couple venu de Bergame pour la canonisation de leur saint local Luigi Maria Palazzolo, se dit particulièrement lié à la congrégation des Sœurs des pauvres fondée au XIXe siècle par le prêtre italien. Le mari, Giuseppe, qui a 74 ans, confie toute sa reconnaissance pour cet ordre qui l’a pris en charge quand, pendant la Seconde guerre mondiale, il était devenu orphelin.
Giuseppina, qui habite dans la périphérie de Milan, est venue avec son mari pour la canonisation de Maria Domenica Mantovani, la co-fondatrice de l’ordre des Petites sœurs de la Sainte-Famille. Ses quatre enfants ont fréquenté une école tenue par cet ordre et vivent aujourd’hui en Italie et en Espagne, mais n’ont pas tous la foi, « une chose très personnelle ». Elle se dit « confiante » qu’avec l’aide de la « nouvelle sainte », leurs enfants pourront retrouver le chemin de l’Église.
Délégations officielles
Quelques minutes avant le début de la célébration, le président de la République italienne, Sergio Mattarella, est venu saluer le pape François derrière l’autel installé place Saint-Pierre, le pape allant canoniser cinq nouveaux saints italiens. C’est ensuite le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, qui a échangé un mot avec le pontife argentin avant de s’installer aux premiers rangs du carré des officiels.
Parmi les autres officiels se trouvaient aussi le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, le Ministre indien des minorités et le Président du haut conseil islamique, Bouabdellah Ghoulamallah, représentant l’Algérie. A quelques dizaines de mètres des officiels se trouvaient notamment des délégations francophones venues pour célébrer la canonisation de Charles de Foucauld. Ainsi, aux côtés de Saint-Cyriens en uniforme, un Touareg venu de Tamanrasset a assisté à la célébration. Ce musulman qui avait déjà participé à la béatification du Français en 2005 à Rome a tenu à revenir. « Charles de Foucauld est une grande personnalité qui n’a jamais rien fait de mal. C’est son honnêteté qui me touche », a confié à I.MEDIA celui dont les grands-parents ont côtoyé le nouveau saint français.