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Au début des années 1960, Kempton Bunton coule une existence paisible, entre son téléviseur et sa femme, employée comme domestique chez de riches Anglais. Comme il se refuse à payer la redevance télévisuelle, justifiée par le fait qu'il ne regarde pas la BBC, son combat ne fait que commencer. The Duke promettait de tirer des rires francs de la part du spectateur, mais la comédie ne décolle pas assez à ce niveau. Le propos du film se consacre davantage à dépeindre le caractère et les aspirations du héros. Néanmoins, le réalisateur tient efficacement son film et nous plonge avec plaisir dans cette histoire vraie, rocambolesque et attendrissante, que seule un Britannique pouvait provoquer.
Une comédie pleine d’humanité
Dramaturge à ses heures, Kempton a envoyé nombre de ses pièces à la BBC, dans l’espoir qu’on l’appelle un jour pour les mettre en scène. Sa femme qui, contrairement à lui, a les pieds sur terre, subvient aux besoins de la famille, tient sa maison et tant que possible ce mari quelque peu intenable. Entre eux, pourtant, toujours cette complicité des débuts, qui en fait un couple très attachant. Le couple a perdu une fille à cause d’un accident de vélo et a deux fils, tous deux pris dans des magouilles. Idéaliste et toujours prompt à défendre ses valeurs, Kempton n’a rien perdu de la verve qui pousse aux frasques de jeunesse. À son âge, il ne veut pas cesser de rêver. Malgré la rude réalité qui l’oblige à prendre des jobs précaires, dans lesquels il ne tient pas longtemps — on finit toujours par le virer à cause de son incapacité à tenir sa langue. Mais, toujours bon perdant, Kempton traîne avec lui son infatigable espoir en un avenir meilleur. Il ira plaider partout la cause de la redevance gratuite pour les retraités, seul à mener ce combat.
C’est devant le poste de télévision familial que l’on découvre pour la première fois le tableau Portrait du duc de Wellington de Francisco de Goya, au cours d’une émission à son sujet. L’occasion d’évoquer l’appartenance au peuple de ce tableau, payé par leurs impôts, pour le patriarche. Et, au cours d’une nuit, le tableau est volé à la National Gallery londonienne. Kempton fait parvenir ses réclamations aux autorités, en plus d’une rançon de 180.000 livres destinée à “offrir des milliers aux veuves de guerre et aux pauvres retraités”. Il ne rendra le tableau que si la télévision devient gratuite pour les retraités. Et n’en dit évidemment rien à sa femme. La police et les services secrets sont sur le coup pour découvrir l’auteur du délit.
Attaché à la lutte des classes et aux valeurs humanistes, le vol du tableau se veut faire œuvre de bienfaisance. Car Kempton se prend pour un Robin des Bois des temps modernes. Finalement obligé de rendre le tableau, il est jugé au tribunal après quelques jours de prison. Ses joutes oratoires et sa candeur soulèvent les rires de son avocat et de toute l’assistance, hormis la juge. Son jugement est sans nul doute la partie la plus savoureuse du film, surtout quand l’on sait l’histoire réelle. Les arguments de Kempton ne sont jamais dans les clous et persuadent pourtant. Et, autour de cette anecdote hors du commun, le film évoque aussi la solidité d’un couple âgé, fidèle malgré les épreuves et les frasques de Kempton. Roger Michell signe une comédie plus attendrissante qu’hilarante, qui nous fait croire avec bonheur que la jeunesse ne meurt jamais.
Pratique :