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Le quatrième dimanche de Pâques éclaire, chaque année, un des plus beaux titres de Jésus : il est, comme il le dit lui-même, le Bon Pasteur de ses brebis. A plusieurs reprises dans les évangiles, cette image est savamment mise en scène : on l’imagine si bien, ce berger courageux et résolu, qui part dans la montagne, à travers les ronces, à la recherche de sa chère brebis qui s’est égarée. Et c’est très beau ! Cependant, ce dimanche, nous devons nous contenter dans la liturgie d’un texte plus court et plus sobre, dans l’évangile selon saint Jean ; et peut-être ressentez-vous une (légère) frustration devant ces lignes trop rapides, dans lesquelles on ne « voit pas » le bon berger dans ses œuvres. Êtes-vous frustrés ? Si c’est le cas, cette homélie est pour vous.
Tout d’abord, il y a une excellente raison pour laquelle Jésus ne décrit pas en détails, dans cet évangile, ce fameux bon berger. C’est qu’il vient de le faire, quelques versets auparavant, versets qui ont été lus… il y a un an, pendant la messe du Dimanche du Bon Pasteur 2021 ! Nous lisons donc la suite cette année, suite qui se passe quelques mois plus tard (c’est l’hiver, au Temple de Jérusalem), et manifestement les pharisiens se sont souvenus de cette image du berger. Jésus n’a donc aucun mal à la reprendre, en insistant à présent sur l’autorité du berger, symbolisée par sa voix et par sa main. Une main solide, une voix qui porte loin : deux attributs par lesquels le bon berger protège et accompagne son troupeau. Un péril rôde – le loup de la montagne – mais, dit Jésus, celui-ci n’aura pas le dernier mot : il n’arrachera pas les brebis au berger.
Les brebis ne « voient » pas le berger, mais elles l’entendent. Elles sont hors de sa vue, mais pas hors de sa voix ; et cette voix du berger, reconnaissable entre mille, suffit à le rendre totalement présent à sa brebis, en dépit de la distance.
Tantôt les brebis se trouvent à portée de main du berger, à portée de vue. Et sa main solide, calleuse, suffit à les rassurer. Tantôt les brebis s’aventurent un peu plus loin dans la vallée ou dans la colline, et elles le peuvent parce que le bon berger les aime et veut qu’elles soient libres. Alors, comme nous qui écoutons cet évangile, elles ne « voient » pas le berger, mais elles l’entendent. Elles sont hors de sa vue, mais pas hors de sa voix ; et cette voix du berger, reconnaissable entre mille, suffit à le rendre totalement présent à sa brebis, en dépit de la distance.
Depuis une soixantaine d’années, ce quatrième dimanche de Pâques est aussi la journée mondiale de prière pour les vocations. La vocation, c’est, précisément, l’état de celui qu’une voix appelle. Rares, très rares, sont ceux qui ont une apparition de Jésus leur disant explicitement quelle mission il leur réserve ! Dans l’immense majorité des cas, ceux qui se rendent disponibles pour la mission dans l’Église ne se guident qu’à la voix intérieure qu’ils discernent ; et cette voix est assez douce, assez belle, assez vraie, pour qu’ils veuillent donner leur vie à son service.
Pour conduire son propre troupeau, Dieu appelle des brebis qui, par le don de leur vie, deviennent berger à leur tour, configurées à l’unique bon berger. Pas de peuple sans pasteur, pas de pasteur sans peuple !
Régulièrement, j’entends revenir l’écho d’une petite polémique autour de ce dimanche de prière pour les vocations. Faut-il prier pour « les vocations sacerdotales », ou pour « toutes les vocations » ? A cette question pleine de sous-entendus, une réponse est donnée dans la deuxième lecture, tirée du livre de l’Apocalypse. Il y est question des martyrs qui, après leur grande épreuve, rencontrent face-à-face celui qu’ils ont suivi et servi jusqu’au bout ; et saint Jean précise : « L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur. » Le bon pasteur n’est nul autre que l’agneau immolé. Jésus, l’agneau pascal du Vendredi Saint, est devenu le berger pascal du Dimanche de la Résurrection. « Les brebis » et « les pasteurs » ne sont pas deux catégories, une foule et une caste affrontées l’une à l’autre. Pour conduire son propre troupeau, Dieu appelle des brebis qui, par le don de leur vie, deviennent berger à leur tour, configurées à l’unique bon berger. Pas de peuple sans pasteur, pas de pasteur sans peuple !
Il est très beau que ce dimanche du Bon Pasteur et des vocations, cette année, tombe le 8 mai, jour anniversaire de la naissance et du baptême de saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars. Dans le vallon de Chantemerle, à Dardilly, il menait paître le petit troupeau de brebis de ses parents ; puis, dans brume de février qui entourait le village d’Ars le jour où il y arriva, c’est un autre petit berger qui lui en montra la route. Dans le confessionnal où il passait parfois quinze heures par jour, les gens ne le voyaient presque pas, derrière la grille : ils entendaient une voix qui leur disait la miséricorde de Dieu, ils voyaient une main se lever pour leur donner l’absolution, et leur vie en était transformée.
Chers frères et sœurs, le berger ne se suffit pas à lui-même, il est le guide d’un chemin, d’une aventure : la vie éternelle en Dieu, qui est UN. Conduit par la main du Bon Pasteur, appelés par sa voix, allons au-devant de la joie qui nous est préparée !