Qui a prêté attention à ces deux attentats récents perpétrés à Kaboul contre une école chiite puis une mosquée ? Neuf mois déjà ! neuf mois que les troupes américaines ont quitté le pays et que les talibans ont pris le pouvoir. Un pouvoir islamiste autoritaire qui fait fi des droits humains et accule de plus en plus d’Afghans à l’exil. Un pouvoir qui peine à faire régner la paix et terrorise la population.
Les jeunes filles sont punies
Il y a quelques jours, au moment de la rentrée scolaire, après la grande fête du Norouz, le nouvel an afghan, les jeunes filles se réjouissaient de retourner au lycée après les grandes vacances d’hiver. Certaines étaient déjà installées dans leur classe quand un ordre brutal est tombé intimant l’ordre de renvoyer les filles chez elles ! Stupeur, colère, désespoir de ces jeunes filles et de leurs familles ! Comment envisager l’avenir dans ce pays ? Cette décision brutale et absurde montre bien les tensions au sein du mouvement taliban, entre ceux qui veulent donner des gages d’ouverture aux Occidentaux et à la communauté internationale, notamment sur le sort des femmes, et ceux qui veulent une application intransigeante de la loi islamique. Difficile de savoir qui aura le dernier mot, mais en attendant les jeunes filles sont punies !
Le martyr du peuple afghan me bouleverse particulièrement, ce peuple qui nous a accueillis si généreusement pour deux années passionnantes en 1975-76. À l’époque, le monde savait à peine où situer ce petit pays sur la carte du monde. Nous étions jeunes et plein d’idéal, mais la sagesse, la finesse, la dignité des Afghans nous ont appris l’humilité. Un peuple fier, des rencontres inoubliables qui ont changé notre regard sur le monde. Depuis, invasions, coups d’État, guerres civiles n'ont cessé de plonger ce pays dans le chaos et dans une misère de plus en plus grande et 97% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Un si grand désastre
Alors aujourd’hui, n’oublions pas l’Afghanistan ! Soutenons les ONG internationales qui essayent de rester présentes mais doivent réaliser un parcours d’obstacles administratifs pour la moindre intervention. Même l’association Afrane — pour l’amitié franco-afghane — connue et respectée dans ce pays où elle œuvre depuis quarante ans pour soutenir et former des enseignants, financer des écoles et agir pour la scolarisation dans les provinces les plus reculées, notamment pour les filles, avec pour seul credo que "l’éducation est le meilleur chemin vers la paix", même Afrane a rencontré des difficultés.
Il a fallu de nombreuses démarches et beaucoup de ténacité, par exemple, pour que des enseignants qui n’étaient plus payés depuis des mois bénéficient en décembre 21 et à nouveau en mars de paniers alimentaires pour nourrir leur famille. Tant que des ONG restent présentes, l’espoir est permis mais pour que la situation s’améliore une action concertée de la communauté internationale est nécessaire. Peut-être pourrions interroger nos candidats députés pour savoir ce qu’ils comptent proposer pour sauver le peuple afghan d’un si grand désastre ?