Si la pratique des indulgences peut paraître d’un autre temps, c’est sans doute parce que la mémoire collective est marquée par les dérives de leur honteux commerce au XVIe siècle. Mais depuis, cette pratique a largement été réformée puis précisée notamment par le concile Vatican II et la constitution apostolique Indulgentiarum doctrina (1er janvier 1967) du pape Paul VI. Méconnue, elle est pourtant d’un grand réconfort pour tout chrétien qui a le désir de vivre éternellement aux côtés du Christ. En effet, une indulgence est la remise devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés. Elle ne remplace pas le sacrement de réconciliation - au contraire, elle suppose que le pardon de Dieu soit déjà reçu, - mais elle libère des peines temporelles du péché.
Les peines éternelles (qui sont la privation de la vie éternelle, de la communion avec Dieu) sont remises à travers le pardon des péchés et la restauration de la communion avec Dieu. Mais les peines temporelles du péché, elles, demeurent. Elles peuvent se traduire par un temps plus ou moins long au Purgatoire, à moins de pratiquer des œuvres de foi et de charité ou de bénéficier d’une indulgence. Une indulgence est dite partielle ou plénière, selon qu’elle libère partiellement ou totalement de la peine temporelle.
Pourquoi l'Eglise accorde-t-elle des indulgences? Paul VI souligne que le but est "non seulement d’aider les fidèles à solder les peines de leur dette, mais aussi de les inciter à accomplir des œuvres de piété, de pénitence et de charité, particulièrement celles qui mènent à l’accroissement de la foi et au bien commun."
Une "disposition intérieure" et trois conditions
Bénéficier d’une indulgence engage le fidèle. Ce dernier doit être en "état de grâce" et remplir certaines conditions définies dans la constitution apostolique Indulgentiarum doctrina. Même une indulgence plénière, comme c’est le cas lors d’une bénédiction Urbi et Orbi, pourrait n’être obtenue que partiellement si le fidèle n’y est pas pleinement disposé.
Ainsi, les indulgences sont concédées par l’Église à trois conditions : recevoir le sacrement de pénitence, recevoir la communion eucharistique et prier aux intentions portées par le Pape. "Il faut de plus que soit exclu tout attachement au péché, même véniel", précise le texte de Paul VI.
A l'occasion du jubilé de l'an 2000, la Pénitencerie apostolique a rappelé dans un document les conditions d'acquisition d'une indulgence, en apportant quelques précisions d’ordre pratique. Il est "bon, mais pas nécessaire" que la confession, la communion et la prière pour les intentions du Pape soient effectuées le même jour. Elles peuvent aussi avoir lieu une vingtaine de jours avant ou après la bénédiction. Quant à la prière selon l'intention du Pape, elle est laissée au choix du fidèle, mais sont néanmoins suggérés un Notre Père et un Je vous salue Marie.
Enfin, à travers la communion des saints, une indulgence obtenue peut être appliquée à une personne défunte. En l’acquittant des peines temporelles, elle passerait ainsi moins de temps au Purgatoire. Les indulgences sont applicables à soi-même ou aux âmes des défunts, en revanche, elles ne sont pas applicables à d'autres personnes vivant sur terre.