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La messe féministe, par le groupe "féminisme en Église", sur le territoire de la paroisse Saint-Pierre-de-Montrouge a fait couler de l’encre. Mon cher confrère de Paris curé de cette paroisse, le père Branchu, n’a pas été consulté et les choses se sont passées en douce, entre initiés. Je n’écris pas initiéEs car il fallait bien qu’un homme fût présent pour célébrer cette messe, et vous attendrez longtemps avant que je n’écrive avec cette ridicule, élitiste et inutile écriture inclusive. Oui, il fallait qu’un homme fût présent pour que la messe fût dite.
Il fallait un homme
Je me rappelle ces nombreuses messes matinales que j’ai célébrées au cours de ma vie de prêtre où l’assistance n’était composé que de femmes. Ce n’étaient pas pour autant des messes "féministes", il n’y avait aucune revendication particulière, aucun "happening médiatique" : juste la messe célébrée avec le peuple qui s’était rassemblé ce matin-là et ce peuple de laïcs n’était composé que de femmes. Elles répondaient à l’appel de leur baptême, en Église, tout simplement. Quelle différence alors avec la messe féministe dont nous parlons ? Eh bien, l’évangile a été lu par une femme et la prédication donnée par une théologienne. Quelle révolution ! Je suis certain qu’elles auraient apprécié qu’une femme prêtre puisse présider, ainsi il n’y aurait pas eu d’hommes du tout dans l’action, les femmes faisant tout. À une violence machiste aurait succédé une violence féministe.
Je ne rentrerai pas dans des arguments qui ne convaincront que les convaincus quant à la masculinité du sacerdoce catholique et orthodoxe, ni sur la liturgie et ses règles, ni sur la tradition et la révélation même par le Christ (homme) au sujet de son Père (nom masculin). Il me semble que l’erreur fondamentale porte sur ce qu’est le sacerdoce. C’est quoi un prêtre ? C’est une "bonniche". Un serviteur. Un esclave. Oui, vous ne voyez que le meilleur, l’homme dans ses jolis habits précieux dans une belle église qui parle avec assurance et qui préside une belle assemblée qui l’écoute avec piété. Oui, c’est ce que l’on voit, le dimanche à la messe, quand on y va. Le reste du temps ? C’est une bonniche payée un salaire de misère pour un double temps plein qui ramasse le vomi sur les marches de son église, supporte les caprices de quelques bourgeois exigeants, accueille les miséreux et fait de la paperasse administrative pour que le bateau reste à flot. C’est un homme qui vit seul et dort seul, qui accepte l’incompréhension narquoise mêlée de suspicion de la part de ses semblables et qui crie dans le désert que Dieu nous aime.
Le sacerdoce masculin est l’antitype de la masculinité nocive. C’est l’homme qui n’est pas homme, au sens violent et archaïque du terme, qui ne se sert ni de sa puissance sexuelle, ni de sa puissance physique, ni de sa puissance financière pour dominer l’autre. C’est l’homme qui révèle la masculinité dans ce qu’elle a de plus belle en détruisant les fausses images de la masculinité qui n’en sont que des perversions.
La vraie virilité est un service
Certains prêtres, se rendant compte en fait de ce qu’est le sacerdoce, essayent de se récupérer en dominant, en dominant les corps (avec les drames que nous n’avons que trop vus), en dominant les esprits par de l’emprise spirituelle, en dominant un peuple par un autoritarisme hors de propos. Je me rappelle un jeune prêtre qui avait quitté le sacerdoce au bout de trois ans : alors que je lui demandais pourquoi il était parti, il me répondait : "Il n’y a pas de reconnaissance sociale dans ce métier." Pauvre garçon ! Il était devenu prêtre pour une reconnaissance sociale ? Que lui avait-on enseigné au séminaire ?
Arrêtons de présenter le sacerdoce comme un accomplissement : c’est un service à l’image du Christ serviteur, pauvre, célibataire et incompris.
Il faut véritablement arrêter avec une formation des prêtres qui en font des "sachant" et donc des dominants avec cet intellectualisme orgueilleux qui court nos facultés, qui en font des dirigeants avec cet autoritarisme qui interdit de parole les laïcs, avec ce culte de la personnalité qui en fait des gourous. Arrêtons de présenter le sacerdoce comme un accomplissement : c’est un service à l’image du Christ serviteur, pauvre, célibataire et incompris qui a aussi pour mission de casser la fausse masculinité et c’est la raison pour laquelle il est masculin. Il a pour mission de révéler la vraie virilité qui n’est que service.
Le sacerdoce n’est pas une fonction
Le sacerdoce est masculin parce qu’il est la réponse à la tentation de la violence masculine car il détruit dans son être même tout ce qui est contraire à cette fausse virilité. Les femmes n’ont pas de vocation particulière pour détruire les fausses images de la féminité. Les revendications féministes dans l’Église sont des revendications d’égalité fonctionnelle, or le sacerdoce n’est pas une fonction. Ce n’est pas étonnant dans une société où chacun n’est réduit qu’à sa fonction : malheur à celui qui n’a plus de "fonction" dans la société : l’enfant non désiré qui n’est pas dans un projet parental, la personne âgée en fin de vie, le pauvre qui n’est pas productif.
Pourquoi n’y a-t-il plus de vocation sacerdotale ? Parce qu’aucun homme ne veut être configuré au Christ serviteur, être corvéable à merci. Les hommes l’ont bien compris, eux qui préfèrent devenir quelqu’un dans une puissance affective, économique ou sociale. Celles qui rêvent d’un sacerdoce féminin rêvent d’un pouvoir, pas d’un service, un pouvoir à l’image d’un sacerdoce qui a heureusement disparu et qui n’est plus qu’un fantasme ou la nostalgie de quelques-uns en manque d’accomplissement personnel.