« Chaque année à l’approche du Carême, je me pose cette question : quel est le vrai sens des résolutions de Carême ? Non pas en général, mais pour moi personnellement. Ne pas boire de vin ? Ne pas manger de chocolat ? Adepte des cures régulières de détox pour mon bien-être, ce type de sacrifice n’est pas vraiment un effort pour moi. J’arrive facilement à supprimer le verre de vin du soir et même le carré de chocolat noir du café de midi… En revanche, au fond de moi-même, je sais parfaitement qu’il y a un autre défi de carême. Un défi crucial, essentiel, qu’il faut que j’affronte enfin… Cela vous fera rire peut-être, mais il s’agit d’une pénitence qui me semblait jusqu’à présent au-dessus de mes forces, vouée à l’échec d’avance…", confie à Aleteia, Agnès, mère de trois ados, institutrice dans un lycée de Lille.
Diplômée en bavardage
« Je l’avoue, étant une personne très sociale, j’adore papoter. Le little talk est ma seconde nature. Je cultive bien mon terrain de jeu : sorties des réunions d’école, terrasses de café prises d’assaut entre copines, ou juste au téléphone, un petit quart d’heure avec une amie entre deux activités… Tous les prétextes sont bons pour le plaisir de mener une petite conversation “légère”, ponctuée d’anecdotes amusantes et sans importance. En apparence en tout cas… Pourtant, je suis consciente qu’il y a quelque chose qui cloche et qui, ici, fait mal. Une sorte de poison diffusé à petite dose. Car mon little talk vire trop souvent au bavardage pas toujours bienveillant. Même si le ton reste drôle, le fond en est dépourvu. Des propos apparemment anodins mais qui ne le sont pas, du style : « T’as vu sa tête ? Elle doit vivre des tensions dans son couple. D’ailleurs, l’autre jour j’ai vu son mari, et tu sais quoi ? Et bien… » Et voilà, c’est le moment précis où je dérape souvent », explique Agnès.
Faire silence et prier
Si elle décide cette année de faire enfin une détox du little talk, c’est parce qu’elle est tombée sur les paroles du pape François prononcées lors de l’audience générale en novembre 2021. Ce jour là, sortant de ses notes, le pape a confié que l’amour fraternel passe parfois par l’acceptation des problèmes et des défauts des autres. « En silence, dans la prière, pour ensuite trouver la voie juste pour aider. Car la tentation la plus facile est bien celle du commérage », a-t-il commenté, estimant qu’il existe même des « diplômés » en bavardage… » Agnès s’est sentie visée : « Je me suis dite tout de suite « tiens, je suis diplômée en bavardage, félicitations ! » C’est quelques semaines plus tard qu’est venu le déclic définitif pour en faire la cure au moment du Carême en 2022.
Voir le Christ en chaque personne
Comment faire ? Pas de téléphone, pas de café entre copines. Au lieu de bavarder, faire silence et prier. Le bénéfice ? « Me corriger et voir le Christ en chaque personne qui serait le parfait sujet de bavardages,», témoigne Agnès. Ainsi, cette résolution inattendue se transformera en un acte de purification du cœur pour se centrer sur le Christ. « Voilà mon attente et mon profond désir : profiter de ce carême pour créer des liens plus fraternels avec les autres en approfondissant ma relation avec le Christ », conclut-elle, en espérant tenir sa résolution.