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L’humilité, voie la plus sûre vers le bonheur ?

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Joseph Challier - publié le 26/02/22
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Bien comprise, l’humilité devient la plus belle et sûre des voies de bonheur. Chemin de liberté, celle des enfants de Dieu.

Si l’on en croit les Ecritures, "Dieu ne donne pas aux orgueilleux, mais il accorde sa grâce aux humbles" (Ja 4, 6). S’engager dans la vie spirituelle sans l’humilité reviendrait à projeter un trek dans le désert sans eau. Pourtant, tout se complique dès lors que l’on s’interroge sur ce qu’est l’humilité et sur comment devenir humble. La réponse à ces questions doit sans cesse s’adapter à l’ici et maintenant mouvant de nos vies. Il est une belle habitude qui consiste à décrire positivement l’humilité et la présenter comme un chemin. Je voudrais proposer ici un complément : réfléchir sur ce que n’est pas l’humilité et dresser un état d’esprit de l’humble.

Qu’est-ce que n’est pas l’humilité ?

L’humilité n’est pas de s’abaisser à tout prix. Mais plutôt chercher et rendre la gloire à Dieu en toutes choses. Dans la petitesse comme dans la grandeur de l’homme.

L’humilité n’est pas la discrétion ou la modestie. Mais plutôt une vertu indispensable à chacun, qui se décline et se vit différemment selon les vies. Si le pape ne doit pas toujours être discret, il est aussi appelé à l’humilité.

L’humilité n’est pas se considérer comme nul. Mais plutôt ne jamais oublier que je suis une créature (bien aimée!) du Créateur et donc que je peux louer Dieu pour « la merveille, l’être étonnant que je suis. » (Ps 138, 14) Dieu n’a pas créé de la merde. Au contraire, il m’a comblé de dons. Simplement, sans Dieu, je ne suis rien.

L’humilité n’est pas d’avoir des idéaux à ras les pâquerettes. Mais plutôt avoir des idéaux bien hauts, bien grands, bien beaux, bien inspirés... et bien abandonnés à Dieu. Oui, l’humilité c’est s’appuyer sur la grâce et la nature pour vivre ces idéaux, le tout pour la gloire de Dieu. « A l’homme les projets, à Dieu la réponse. » (Pv 16, 1)

L’humilité n’est pas être passif. Mais plutôt être à sa juste place ; c‘est-à-dire prendre et assurer sa place dans le monde, que celle-ci pousse à la discrétion ou à une mise en avant.

L’humilité n’est pas se faire l’esclave du plus fort.

L’humilité n’est pas se faire l’esclave du plus fort. Mais plutôt consiste à faire la Volonté de Dieu. Qui est d’aimer ici et maintenant.

L’humilité n’est pas seulement la vie cachée de Nazareth. C’est aussi sa vie publique, faite de foules, d’une vie communautaire forte et de prière solitaire. L’humilité du Christ lui fait mener une vie d’enfant, d’adolescent et de charpentier ; puis une vie de prêcheur, de guérisseur et d’agitateur craint par les pouvoirs en place. Présente présente sur la croix, l’humilité du  Christ jaillit au matin de la résurrection.

Davantage qu’un chemin à destination inconnue et inatteignable, l’humilité pourrait-elle plutôt être un état d’esprit ?! Etat qui rend l’homme prêt à arpenter le chemin de la vie, la belle aventure de sa conversion.

Etat d’esprit de l’humble

L’humble demande l’humilité à Dieu. Il y travaille, mais attend de Dieu le fruit de son travail.

L’humble se reçoit de Dieu. 

L’humble avance dans le monde, sûr de lui car sûr de Dieu. Plaçant sa confiance en Dieu, l’humble reconnaît la mission et les armes que Dieu lui confie. Et il y va, sans peur d’utiliser ses talents.

L’humble n’a pas besoin de multiplier les actes volontaires d’abaissement : il les trouve facilement dans son quotidien. Par amour, il choisit de les vivre.

L’humble accepte le réel sans le fuir mais au contraire en l’aimant et le transformant de sa prière et de son action, toutes deux inspirées par son idéal évangélique.

L’humble accepte le surnaturel et son humanité, persuadé qu’il est que les deux doivent trouver leur unité. Il ose demander prodiges ou miracles ; et se réjouit des actions naturelles ou ordinaires de Dieu.

L’humble écoute. Surtout celui avec qui il n’est pas d’accord.

L’humble ne se révolte pas, il agit. Ni par mollesse, ni par lâcheté. Mais par lucidité, courage et espérance sur la réalité du monde qui l’entoure, l’humble prie et s’engage dans la lutte contre le mal.

L’humble est content de Dieu. Et en chaque instant, par la prière ou l’action, il exprime son contentement. Il loue Dieu.

L’humble rend service dans le secret.

L’humble ne se vante pas de ses dons, trop occupé qu’il est à en user pour servir son prochain et glorifier son Dieu.

L’humble a conscience du décalage qu’il y a entre ce qu’il est appelé à être et ce qu’il est. Il s’appuie et sur Dieu, et sur sa volonté pour réduire ce décalage.

L’humble s’émerveille des autres.

L’humble écoute. Surtout celui avec qui il n’est pas d’accord.

L’humble descend en soi. Il ne craint pas son vide qu’il laisse le soin à Dieu de remplir, quand Dieu le veut. Et il accueille son plein, puisqu’il vient de Dieu.

L’humble mène une guerre personnalisée à l’orgueil. Ses élans d’orgueil, d’indépendance ou de volonté ont une coloration personnelle que l’humble débusque et combat.

L’humble prend soin de lui. Il n’est pas une machine. Son maître et seigneur dormait lui aussi.

L’humble s’occupe de son cas, convaincu qu’il est que la seule imperfection qu’il peut changer, c’est la sienne.

L’humble est très exigeant… avec lui-même.

L’humble demande à Dieu.

L’humble se réjouit des petites choses qu’il fait. Et s’il a moyen ou devoir de faire des grandes choses, c’est avec la même simplicité.

L’humble passe de l’estime de soi à une sain(t)e (dé)possession de soi. Sans risquer sa vie ou son équilibre psychologique, l’humble se détache de lui-même, de ses volontés propres. Il vit la sainte indifférence.

Bien comprise, l’humilité devient alors la plus belle et sûre des voies de bonheur. Chemin de liberté, celle des enfants de Dieu. Plus besoin d’orgueil, de masques, de rôle, de peur… Qu’il soit grand ou petit, connu ou inconnu, l’humble est dans les mains de Dieu. Et cela lui suffit. Car alors il vit et rayonne pour son Maître et son Père, pour son Frère et son Ami. Si l’orgueilleux oublie Dieu ; alors, pour son Dieu et avec son Dieu, l’humble vit.

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