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Après avoir passé les contrôles de sécurité, les couloirs colossaux du palais apostolique et ses escaliers de marbre, les hôtes du Pape foulent, ébahis, le sol de la Salle Clémentine, où des sièges molletonnés les attendent. Une cinquantaine d’artistes sont présents pour les 10 ans du mouvement de la “Diaconie de la beauté”, et au milieu d’eux, des vedettes : la famille Lefèvre, Anne, Gabriel et leurs six enfants de 9 ans à 23 ans, vers qui convergent les regards. En attendant le pape, un brin impatient, un brin nerveux pour les plus intimidés, on mitraille de photos les opulents ornements des murs et des plafonds.
Arrive alors un prélat. Ce n’est pas encore le pape, c’est le régent de la préfecture de la Maison pontificale, Mgr Leonardo Sapienza, qui invite le groupe composé en majorité de Français mais aussi d’Espagnols et d’Italiens, à venir admirer quelques minutes la Chapelle Rédemptoris Mater, chapelle pontificale privée. C’est sous ses mosaïques réalisées par le jésuite slovène Marko Ivan qu’ont lieu les traditionnelles prédications de carême et d’Avent. Et c’est là, coulisses prestigieux s’il en est, que les Lefèvre chauffent leur voix avec un hymne dont les premières mesures transportent l’assemblée.
« Il est temps de retourner prendre place dans la salle d’audience », préviennent les Gentilshommes de Sa Sainteté dans leur costume redingote. En effet, quelques minutes s’écoulent et apparaît l’homme en blanc, souriant. À peine a-t-il rejoint son siège que du côté des Lefèvre, on se concentre, on pose quelques notes, et on entonne Cantate domino canticum novum – Chantez au Seigneur un chant nouveau – a capella. Debout durant 2 minutes 30, le pape écoute, visiblement admiratif, et il se joint aux applaudissements qui viennent briser le silence subjugué.
« C’était pour nous un moment unique, c’était incroyable de pouvoir vivre ça en famille. Un moment qu’on gardera en mémoire », confient les Lefèvre après la rencontre. Ils expliquent avoir dédié au Successeur de Pierre un « chant de louange, d’action de grâces, de jubilation », qui « emmène au Ciel ». Faisant part de leur émotion, ils notent que le pape « a eu l’air d’apprécier ». Ce qu’il a confirmé lui-même en français, tandis que toute la famille est venue l’entourer au terme de l'audience : « Vous chantez très très bien. Priez pour moi », leur a-t-il dit. Et le pape de donner une pichenette au petit dernier des enfants en ajoutant : « Surtout toi, n’oublie pas de prier pour moi ».
Un récital dans la ville éternelle
Durant cette audience à laquelle participaient Mgr Robert Le Gall, archevêque émérite de Toulouse, et Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, le pape a appelé les artistes à faire « pressentir la beauté et la bonté » de Dieu. Une invitation qui n’est pas tombée dans l’oreille de sourds chez les Lefèvre. Ceux-ci offriront un récital le 19 février dans l’église française de Saint-Nicolas-des-Lorrains. « C’est la première fois qu’on vient tous en famille à Rome. Nous en sommes d’autant plus heureux que ce sont nos 25 ans de mariage cette année », glissent-ils joyeusement.
La Diaconie de la beauté, dont ils sont proches, a été lancée en octobre 2012 dans le sillage du Synode sur la nouvelle évangélisation et sous le patronage du cardinal Poupard, président émérite du Conseil pontifical pour la culture. Les membres de la Diaconie, musiciens, poètes, peintres, architectes, cinéastes, sculpteurs, comédiens, danseurs se retrouvent en fraternité pour prier, et organiser des activités artistiques. Il s’agit, expliquent les fondateurs, Anne et Daniel Facérias, de “rendre les artistes à la Beauté et la Beauté aux artistes”.