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“Mort sur le Nil” : un Hercule (Poirot) affaibli par l’amour

HERCULE POIROT
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Louise Alméras - publié le 08/02/22
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Après "Le Crime de l’Orient-Express", sorti en 2017, le réalisateur Kenneth Branagh s’attaque à un autre best-seller d’Agatha Christie : "Mort sur le Nil". Ce nouveau film, très attendu par tous les fans de la romancière, sort ce 9 février au cinéma. S'il éblouit par son casting, il brille moins par la caractérisation de certains personnages et la mise en scène.

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Tout le monde se souvient des interprétations remarquables de Peter Ustinov, Mia Farrow et Jane Birkin dans l’adaptation du livre Mort sur le Nil de la romancière anglaise sortie en 1978 et réalisée par John Guillermin. Tant et si bien que les images du film resteront celles que l’on associe au livre. Mais l'œuvre d'Agatha Christie demeure assez puissante et ingénieuse pour sauver quiconque s’attachera à la mettre en bobines.

Kenneth Branagh, grand acteur et réalisateur britannique issu de la Royal Shakespeare Company, s'est lui aussi lancé le pari d'adapter le célèbre roman policier. Mais il ne s’est pas contenté de mettre en scène son film. Il incarne, lui-même, le célèbre détective belge Hercule Poirot pour la seconde fois. Et le casting est brillant, avec Gal Gadot (Wonder Woman) en Linnet Ridgeway et Armie Hammer en Simon Doyle (Call me by your name) pour jouer le couple mythique de l’histoire. Mais la mise en scène manque parfois de nous faire véritablement croire au suspens. 

Les crimes damour justifient-ils l’overdose d’amour ?

On ne se souvenait pas à quel point le livre d’Agatha Christie prêtait aux personnages autant d’attaches amoureuses car le film tourne essentiellement autour de cela. La scène d’ouverture, plutôt réussie, nous montre Hercule Poirot en soldat, en pleine guerre, déjà brillant par son intelligence. Guerre qui lui fit perdre la femme qu’il aimait. On passe ensuite à la présentation des personnages où la passion amoureuse se devine déjà en filigrane. Le voyage en Égypte arrive, enfin, avec son lot d’inquiétudes, bien qu’il s’agisse d’un voyage dédié au mariage des deux protagonistes. Hercule Poirot, engagé secrètement pour une affaire, est de la partie en guise d’invité.

Parmi eux, l’ex-fiancé de Linnet, accompagnée de son infirmière, son directeur financier et une célèbre chanteuse avec sa nièce. Et, en marge, son ancienne amie — à qui elle a volé son fiancé — désespérée et déterminée à poursuivre le couple de jeunes mariés. Au bout d’un moment, on ne sait plus si l’intrigue est de savoir qui aime ou a aimé qui, ou s’il s’agit de trouver l’auteur des tentatives d’assassinats, puis des crimes. Mais l’action bien menée et le jeu des acteurs nous aident à poursuivre l’histoire.

Mort du passé sur le Nil

L’essentiel de l’intrigue se situe sur un bateau de croisière au beau milieu du Nil. Le faste et l’amour y sont les principaux carburants. Pendant ce temps là, Hercule Poirot avance dans son enquête gardée secrète et ne manque pas de tomber amoureux, lui aussi. On aurait préféré l’entendre dégainer quelques répliques piquantes au lieu de le voir s’amollir au contact de l’amour. Malgré tout, Kenneth Branagh l’interprète à la perfection.

Il faut attendre le premier crime pour qu'Hercule Poirot entre véritablement en scène et que l’action devienne plus intéressante. C'est alors que le piège de l’amour se referme et dévoile tous ses plus fins poisons. Si certaines scènes rehaussent l'intrigue, d’autres apparaissent hors-sujet comme la volonté d'évoquer le racisme ou l'homosexualité — des sujets absents du roman d'Agatha Christie — et qui ne servent pas l’histoire. En effet, en regardant Hercule Poirot, on se plait davantage à admirer sa fabuleuse matière grise plutôt qu'à le voir en défenseur des injustices du monde. Malgré tout, les moyens et le casting sont là et certaines répliques valent le détour. Et en sortant, on se demande quels crimes n’a pas commis l’amour, puisqu’il a même réussi à affaiblir Poirot. 

Pratique :

Mort sur le Nil, de Kenneth Branagh, avec Keneth Branagh, Armie Hammer, Gal Gadot, Tom Bateman, Emma Mackey, 2h07, en salles le 9 février.

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