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Alors que le Canada est actuellement traversé par un vaste mouvement de contestation, le "convoi de la liberté", qui réuni des opposants aux restrictions sanitaires, c'est le soulagement qui l'emporte chez les fidèles du Québec. Privés de messe depuis le 23 décembre à Québec et depuis le 31 décembre dans tout le Québec en raison de la situation sanitaire, ces dernières sont à nouveau autorisées en intérieur depuis ce lundi 7 février sous les conditions suivantes : port du masque, distanciation, désinfection des mains, limitation de la capacité d’accueil (50% avec un maximum de 250 personnes) et… présentation d’un passeport vaccinal. Un soulagement, certes, mais aussi une inquiétude et une interrogation. "Les églises devraient être ouvertes à tous et accueillantes pour tous lorsqu’elles sont accessibles au public", explique à Aleteia le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec. "Les autorités religieuses, y compris les catholiques, sont opposées à l’imposition du passeport vaccinal dans les lieux de culte."
Aleteia : Pourquoi être allé plus loin, dans un premier temps, que le gouvernement concernant les mesures sanitaires ? Je pense notamment à la suspension des messes pour Noël...
Mgr Lacroix : Les informations sur la gravité et la rapidité de la contagion par Omicron nous conduisaient là, par souci de la santé de nos fidèles. Le gouvernement annonçait d'ailleurs quelques jours après la fermeture totale. Par ailleurs, l’imposition du passeport vaccinal à quelques jours des célébrations de Noël provoquait beaucoup de divisions dans nos communautés, on nous incitait à la désobéissance civile et on parlait de manifestations à la porte des églises la vieille de Noël… Nous avons jugé plus prudent d’anticiper un peu le décret gouvernemental.
L’État peut prendre des dispositions qui restreignent la liberté pour de justes causes et l’Église collabore loyalement avec l’État quand le bien commun est en cause et que la cause est juste.
Est-ce que les églises doivent rester ouvertes pendant une pandémie ?
Nous ne sommes pas des scientifiques ni des spécialistes de la santé et les autorités ecclésiales n’ont pas la charge d’établir les normes de la santé. Il serait préférable que les églises soient ouvertes en tout temps mais l’État peut prendre des dispositions qui restreignent la liberté pour de justes causes et l’Église collabore loyalement avec l’État quand le bien commun est en cause et que la cause est juste, fondée sur des analyses solides et sur la science.
Est-ce que les églises doivent rester ouvertes aux seuls vaccinés ?
Les églises devraient être ouvertes à tous et accueillantes pour tous lorsqu’elles sont accessibles au public. Les autorités religieuses, y compris les catholiques, sont opposées à l’imposition du passeport vaccinal dans les lieux de culte. Elles l’ont manifesté aux gouvernants mais elles se plient à la loi lorsqu’elle doit être appliquée pour une juste cause à savoir réduire la contamination parce que le système de santé est fragilisé. Nous demandons que son application soit levée le plus rapidement possible puisque la contagion et les hospitalisations diminuent.
L’Église catholique et les groupes religieux veulent maintenir un dialogue avec l’État, qui a été difficile à établir.
En France, après de nombreux débats et discussions, le Conseil d’État a tranché en interdisant la suspension des pratiques cultuelles malgré la pandémie. L'Église a-t-elle vocation à participer au combat collectif ou bien à accueillir tous les fidèles ?
Chaque pays a son propre cadre juridique. Au Québec, la voie juridique a été envisagée, mais elle a été écartée, en raison du droit de l’État à imposer des mesures d’urgence pour un temps limité et du peu de possibilités d’obtenir gain de cause devant les tribunaux. De plus, l’Église catholique et les groupes religieux veulent maintenir un dialogue avec l’État, qui a été difficile à établir. Une table interreligieuse de concertation a été mise sur pied au cours de la pandémie et un dialogue constructif s’est établi avec le gouvernement, les autorités de la santé publique et les porte-paroles des différents partis politiques. Dans un contexte où les appels à une société plus laïque se font entendre, nous avons choisi la voie du dialogue plutôt que celle de la contestation devant les tribunaux.
Les fidèles commencent, malheureusement, à s’habituer à ne plus assister physiquement à la messe. Sentez-vous une forme de lassitude de leur part ?
Les fidèles ressentent comme nous tous une grande lassitude: nous pensons qu’il y aura une grande faim pour les rassemblements alors qu’ils reprennent, mais certains resteront craintifs encore pour un certain temps.
À force de suspendre les offices, la pratique religieuse ne risque-t-elle pas d’être menacée ?
Peut-être pour un certain nombre de personnes : les plus âgées auront vieilli de deux années. Nous verrons bien quand les activités seront pleinement relancées. Il y aura des absents, mais peut-être aussi de nouveaux visages. Nous travaillons à la relance.
Relancer l’évangélisation et la formation chrétienne.
Quels outils avez-vous mis en place pour maintenir une vie de prière au sein de l’archidiocèse ?
Nous avons beaucoup développé les activités sur les médias sociaux: célébrations eucharistiques, enseignements, partages de la Parole, prière de louange, entrevues, rencontres de partage… Des activités liturgiques et assemblées de prière ont été proposées à l’extérieur, malgré le froid...
Y a-t-il des fruits spirituels que vous tirez malgré tout de cette situation ?
Les croyants apprennent à prier à la maison, en famille, à prendre part à des partages de la Parole. Plusieurs équipes pastorales en ont profité pour approfondir leur vision pastorale et leur plan pour relancer l’évangélisation et la formation chrétienne… Une Église un peu différente en émergera sans doute.