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Nous sommes toujours dans la synagogue de Nazareth, comme dimanche dernier, avec Jésus, dans la ville de son enfance. Jésus a lu le passage du livre d’Isaïe où est annoncée la venue du Messie. C’est un sauveur, un libérateur, un consolateur, qui est attendu. Il recevra l’onction de l’Esprit pour porter aux pauvres la Bonne Nouvelle, pour annoncer aux captifs leur libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, pour remettre en liberté les opprimés, pour proclamer une année favorable accordée par le Seigneur. Cette prophétie, enseigne Jésus, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit (Lc 4, 21).
Comment comprendre la réaction négative de la communauté villageoise ? Comment se fait-il que les choses se gâtent au point qu’à la fin Jésus est expulsé hors de la synagogue, hors du village et qu’on cherche même à le précipiter du haut d’un escarpement ? Ce qui se profile dans cet épisode, c’est le rejet de Jésus qui conduira à sa condamnation à mort par crucifixion : « Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu », écrit saint Jean dans le Prologue de son évangile (Jn 1, 11). Mais, pour l’instant son heure — l’heure de la Croix — n’est pas encore venue. Il doit continuer son chemin en passant au milieu des siens.
Tout part d’un étonnement
Tout part d’un étonnement : comment se fait-il que le fils de Joseph, bien connu de tous, se mette à parler ainsi ? D’où cela lui vient-il ? Par quelle autorité dit-il et fait-il cela ? Ses proches, ses voisins, ses parents, ne parviennent pas — on les comprend, reconnaissons-le — à voir en lui le fils de Dieu, tant il leur est familier. Ils le connaissent comme le fils de Joseph, ils ne peuvent pas voir plus loin. Ils ne se laissent pas toucher par « les paroles de grâce qui sortent de sa bouche » (v. 22). Ils ne parviennent pas à avoir foi en lui. Jésus devine et exprime leur pensée : ils ont appris les miracles qu’il a réalisés à Capharnaüm, qu’ils fassent les mêmes chez lui, dans son pays ! Qu’il les fasse bénéficier eux aussi de son pouvoir ! Qu’il guérisse leurs malades comme il a guéri ceux de Capharnaüm ! Ils ne sont pas venus entendre une prédication mais assister à des prodiges.
Jésus met le comble à leur colère en leur rappelant la guérison du fils de la veuve de Sarepta, chez qui le prophète Elie avait choisi d’aller loger pendant la grande famine, et celle de la guérison de Naaman, chef lépreux de l'armée du roi de Syrie venu voir Elisée sur le conseil d’une servante. Dans les deux cas, ce sont des étrangers qui ont eu foi dans la parole des prophètes d’Israël et qui ont été sauvés. Or il y a ici, à Nazareth, dans la personne de Jésus, bien plus qu’un prophète.
Dieu excède toujours nos limites
Le don de Dieu est pour tous, il n’est pas restreint aux limites d’un peuple ni d’une région. Son œuvre de salut est en faveur de toute l’humanité et pour toute la Création, car tout vient de Lui, tout a son origine dans son amour débordant. Dieu déborde, Dieu excède toujours les limites dans lesquelles nous voudrions enfermer sa miséricorde.
Dans sa Sagesse, Dieu a choisi de mener à bien son œuvre de salut en choisissant, à chaque étape de l’histoire sainte, une personne (Abraham, Moïse, David — et pour commencer Abel) et un peuple (Israël, le peuple élu). Cette idée de choix heurte notre idéal d’égalité, Dieu semble faire des différences. Mais le choix que Dieu fait d’un seul est toujours pour le bénéfice de tous, comme il le dit à Abraham : « En toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gn 12, 3). Le choix de Dieu n’est pas un privilège, qui placerait l’élu à part et au-dessus de la commune humanité. Il est une mission qui engage toute la personne, une responsabilité redoutable en vue du salut de tous. C’est cette ouverture universelle que ne comprennent pas les Nazaréens : ils voudraient s’approprier, se réserver, le don de Dieu.
Laissons-nous surprendre
Quelle leçon en tirons-nous ? Que Jésus n’est pas notre propriété. Nous ne sommes pas ses propriétaires, mais ses témoins. Ne nous scandalisons donc pas lorsque l’action de Dieu est manifeste en dehors des limites de notre Église catholique. N’en ressentons pas de la jalousie. Au contraire, sachons le reconnaître et nous en réjouir. Et demandons-nous si, de notre côté, nous ne mettons pas d’obstacles à la grâce du Christ parce que nous croyons trop bien le connaître. Veillons à ne pas enfermer soigneusement Jésus dans des limites. Au contraire, laissons-le déborder dans toute notre vie. Laissons-nous surprendre, déranger, transformer.