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L'analyse des ossements d'un bébé, découvert en 2017 par des archéologues italiens, est en passe de révolutionner les connaissances sur la période mésolithique. Ce bébé est le premier nouveau-né de sexe féminin retrouvé à ce jour en Europe ! Très fragiles, les ossements d'enfants sont extrêmement rares et l'ADN osseux, souvent détérioré, ne permet pas toujours d'approfondir les analyses. Mais ce n'est pas le cas de la petite "Neve", comme l'ont baptisée les scientifiques, dont l'ADN, bien conservé, a permis d'identifier son identité sexuelle. Découverte dans la grotte d’Arma Veirana au nord-ouest de l'Italie, la sépulture daterait d'environ 10.000 ans et aurait été creusée par des chasseurs-cueilleurs juste après la dernière période glacière.
Un bébé enterré avec soin
Hormis la rareté d'une telle trouvaille, c'est surtout le soin apporté à la sépulture qui n'a pas manqué de surprendre les archéologues. En effet, le bébé a été enseveli avec une riche sélection d'une soixantaine de perles et de coquillages, montrant ainsi que les bébés, même de sexe féminin, étaient reconnus comme des personnes à part entière dans leur société. Le scientifique Gravel-Miguel, qui a effectué une analyse des ornements entourant le nourrisson, a démontré le soin apporté à chaque pièce et a montré qu'ils étaient nombreux à comporter une usure, prouvant qu'ils avaient été transmis à l'enfant par les membres du groupe.
Si les scientifiques ne peuvent déterminer si les filles étaient traitées de la même manière que les garçons, ces découvertes tendent cependant à montrer qu’il existait un traitement égal des individus. Une autre sépulture d'enfant, datant de 78.000 ans, retrouvée en Afrique et présentant une petite fille la tête blottie contre un oreiller, montre encore le soin apporté à l'inhumation dès les plus anciennes civilisations. "On ne peut pas lire dans les esprits, prévient María Martinón-Torres, directrice du CENIEH, Centre de recherche national sur l'évolution de l'Homme en Espagne, mais d’une certaine manière, quand vous enterrez quelqu’un, vous prolongez la vie de cette personne. Vous dites : “Je ne veux pas te laisser partir complètement.” Voilà une des choses qui nous rendent uniques : notre conscience de la mort, notre conscience de la vie."
Paul Petitt, archéologue anglais spécialiste du paléolithique ajoute, en parlant de la société des chasseurs-cueilleurs : "Les communautés de chasseurs-cueilleurs contemporaines croient que la mort est naturelle et inévitable, dit-il. Mais il y a deux exceptions : la mort violente, et la mort d’un nourrisson ou d’un enfant. Peut-être qu’on peut y déceler l’émergence mystérieuse de ce sentiment que la mort qui s’abat trop tôt est contre-nature et qu’elle doit être symbolisée autrement."
Une meilleure connaissance des cultures et sociétés mésolithiques
La grotte, où a été retrouvée la tombe, située dans les Alpes ligures, était connue par les scientifiques depuis 2015. À cette époque, celle-ci avait été fouillée uniquement près de l'embouchure avant qu'ils ne s'enfoncent plus loin. C'est au fond, que l'équipe a retrouvé des perles puis, quelques jours plus tard, les restes d'un crâne de bébé. Bien que l'on ne connaisse pas les raisons de sa mort, des analyses ont montré que la petite fille serait morte environ 40 à 50 jours après sa naissance et qu’elle aurait subi un stress physiologique ayant perturbé sa croissance à deux moments distincts : 47 jours et 28 jours avant sa naissance.
Cette découverte, majeure pour les scientifiques qui n'avaient, jusque là, que très peu d'informations sur les traditions funéraires de la première période mésolithique, va permettre d'étoffer les connaissances sur ces sociétés où les Hommes vivaient en groupes de chasseurs et de cueilleurs et parcouraient les plaines d’Europe.