Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Cela ne va pas être facile : la journée du pull moche de Noël est en passe de devenir la nouvelle tradition noëlesque à dimension interplanétaire. Alors qu’allez-vous faire ? Poser un arrêt maladie jusqu’au 2 janvier ? ou courir sur Mocheté.com acheter le modèle de l’année ? Pour ou contre le pull moche de Noël ?
L’air d’un sac à patate
Contre évidemment, parce que dans pull-moche-de-Noël, il y a moche, et là, le doute n’est pas permis. Autant, parfois, on peut hésiter : ce crop-top kaki à franges arboré par la fille intrépide que la perspective d’avoir froid au nombril n’a jamais effrayée, est-ce vraiment moche ou bien c’est moi ? Mais pour le pull de Noël avec lequel on aura l’air d’un sac à patate toute la journée, dont les couleurs piqueront encore les yeux pendant le sommeil, et dont les motifs inspirent l’envie de demander asile politique sur la planète Mars en attendant le retour des beaux jours, l’affaire est claire : quand c’est moche, c’est moche. La perspective de croiser du matin au soir des têtes de cerf hallucinées et des Pères Noël sous amphétamines vous file peut-être déjà mal au crâne.
Contre aussi cette invasion d’outre-Atlantique ! Comment ça, après avoir fait découvrir aux Américains le bon vin, le champagne, la pizza, après leur avoir envoyé la statue de la Liberté, La Fayette et l’indépendance, Montesquieu et la séparation des pouvoirs, on se retrouve avec le pull de Noël en échange ? C’est dur. L’architecte français Pierre-Charles L’Enfant a passé des années à concevoir les plans de Washington, et on nous envoie, à nous, des rectangles à manches rouge et vert ? Au pays de Coco Chanel ? C’est trop dur… Il nous faudra bien l’intégrale de Woody Allen pour nous redonner le sens de l’humour, ou celle de Sidney Bechet. Et contre, archi-contre l’idée de fabriquer, vendre, acheter en masse des bidules inutiles. Contre l’idée de remplir nos placards d’un truc qu’on portera une fois dans l'année… être une cible commerciale perpétuelle, cela va bien cinq minutes.
Parce que c’est Noël
Et donc ? personne n’est pour ? Mais si, on est pour ! Pourquoi ? Mais parce que c’est Noël, tout simplement ! Et d'abord parce que personne n’a encore eu l’idée de vous parler de son pull-moche-de-fête-de-fin-d'année ! Vous n’en pouvez plus d’entendre votre boulangère, votre voisin, ou le monsieur qui promène son chien, vous souhaiter de « joyeuses fêtes de fin d'année », comme si une Inquisition laïque allait les précipiter dans ses geôles la nuit venue ? Réjouissez-vous de voir autour de vous se perpétuer l’immuable préparation de Noël, même sous la forme du pull moche…
Car là où nous instaurons du rite, là où nous marquons l’espace, là où nous mettons à part des temps choisis, nous manifestons le caractère profondément religieux de la nature humaine.
Car là où nous instaurons du rite, là où nous marquons l’espace (notre corps sous le pull, en l'occurrence), là où nous mettons à part des temps choisis (les fêtes à date fixe par exemple), nous manifestons le caractère profondément religieux de la nature humaine. Mis à part, c’est ce que signifie « sacré ». Et le reste est « profane ». Si l’on suit la pensée du philosophe des religions Mircéa Eliade, on peut dire que ce rite est une résurgence du besoin de sacré dans nos sociétés modernes (Le Sacré et le Profane, Gallimard 1965). Lorsque le temps devient uniforme, linéaire, lorsque les espaces sont amorphes au point que la distinction entre l’intimité et l’exposition disparaît, nous devenons moutons, nous devenons troupeau. Lorsque nous nous extrayons pour un temps du quotidien, et que nous le faisons ensemble, nous manifestons un appel à la transcendance.
Celui que nous attendons
Mais comme il serait dommage que cette religiosité qui nous humanise ne tourne au paganisme, n’hésitons pas à détourner les motifs moches des pulls en question ! Vous trouverez très facilement, si le cœur vous en dit, des pulls de Noël bardés de « Happy Birthday Jesus ! », « Go Jesus, it’s your birthday », floqués de crèches ou d’anges à côté desquels les cerfs et autres ours polaires feront pâle figure. N'hésitez pas une seconde, ils rappelleront autour de nous que Celui que nous attendons, c’est encore et toujours Dieu en personne, rien de moins. Notre ambition est grande, notre désir est intense et parce que nous sommes chrétiens nous ne pouvons garder cela pour nous. Alors, avec ou sans pull, mais jamais sans Jésus, vive Noël !