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L’annulation d’un concert qui devait avoir lieu mardi 7 décembre dans l’église nantaise de Notre-Dame-du-Bon-Port n’en finit pas de faire réagir. Que s’est-il passé ? Dénonçant un concert qu’ils jugeaient "sataniste", une soixantaine de fidèles ont empêché quelque 360 personnes d’assister à la prestation de l’artiste suédoise Anna von Hausswolff, qui devait interpréter un récital d’orgue dans l’église Notre-Dame du Bon-Port.
Ce concert devait avoir lieu initialement dans l’église Saint-Clément de Nantes et était prévu en mars 2020 dans le cadre du Festival Variations. Un accord passé rapidement sans recherche de fond sur le contenu du concert, reconnait le diocèse de Nantes. La pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires prises ayant obligé à le reporter, ce fameux concert devait finalement se tenir en décembre 2021.
Lorsqu’un concert se tient dans une église affectée au culte le programme doit compter au moins 50% de musique sacrée.
"En septembre 2021, le nouveau curé, faisant confiance aux décisions entérinées avant son arrivée, a signé la convention avec "le Lieu Unique", qui collabore régulièrement avec le diocèse", détaille le diocèse. Mais lundi 6 décembre, des paroissiens de Saint Clément (paroisse où la messe tridentine est célébrée, ndlr) ont interrogé le curé sur la teneur du concert. "Un rapide parcours des titres de l’artiste montre qu’elle évolue dans l’univers des "musiques actuelles". Sa prestation se veut davantage esthétique que spirituelle, même si les titres de ses chansons, entre lumières et ténèbres manifestent une quête existentielle", reprend le diocèse.
L’artiste en question, Anna von Hausswolff est une chanteuse, pianiste, organiste et auteure-compositrice de post-métal et rock expérimental. Dans l’une de ses chansons, "Pills", elle évoque l’addiction à la drogue et dit métaphoriquement avoir "fait l’amour avec le diable". Des propos qui n’ont pas laissé indifférent les paroissiens. Le concert en question ne prévoyant qu’une heure d’orgue, sans texte, ni projection ou chorégraphie, soit quelque chose de "sobre et dans lequel rien ne s’oppose à la foi et aux mœurs", le diocèse a décidé de le maintenir mais dans une autre église, Notre-Dame-du- Bon-Port.
Plusieurs figures de la vie politique et culturelle nantaise ont dénoncé une "censure", une "entrave à la liberté artistique et culturelle". "Une poignée de radicaux intolérants provoque l’annulation d’un concert à Notre-Dame du Bon-Port programmé en accord avec l’évêché. Rien n’autorisait l’expression d’une telle censure", dénonce ainsi le premier adjoint à la mairie de Nantes sur Twitter.
Mais il est difficile de faire abstraction du lieu dans lequel se déroule ce type de concert, c’est-à-dire un lieu de culte où les catholiques se retrouvent pour prier Dieu. Un lieu de culte dans lequel les activités sont régies par certaines règles. Une charte de 2005 du diocèse prévoit ainsi que lorsqu’un concert se tient dans une église affectée au culte "le programme doit compter au moins 50% de musique sacrée", reconnaît le diocèse. Ce qui n’était, présentement, pas le cas. "Les réactions provoquées par cet évènement nous encouragent à repréciser les termes du discernement ordinaire préalable à l’accueil de manifestations culturelles dans les églises du diocèse, en concertation avec les curés". L’église Saint-Eustache a fait savoir, mercredi 8 décembre, qu’elle annulait la représentation de la musicienne suédoise Anna von Hausswolff prévue jeudi, à 19 heures.