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Que de murs à faire tomber pour préparer Noël !

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Bernard Devert - publié le 29/11/21
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Le fondateur d’Habitat & Humanisme, le père Bernard Devert, déplore les murs que les hommes « encombrés par ce qu’ils possèdent » dressent à l’intérieur d’eux-mêmes pour ne pas entendre le message de Noël.

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Sous le règne de l’empereur Tibère — dans un pays occupé sur le plan politique mais qui n’était pas sans contrepouvoir avec ses grands prêtres — la Parole de Dieu fut adressée dans le désert. Pourquoi le désert ? Tous ces hommes étaient occupés, préoccupés par leurs charges, sans pouvoir se confier à personne au risque de perdre de leur prestige. Le pouvoir isolait ces hommes puissants qui occultaient leur fragilité, mais aussi celle des autres.

L’année 2021 n’est pas très différente. Il n’y a pas d’occupation, encore que l’on entende des polémistes et même des politiques nous dire que notre pays est trop occupé par ceux venus d’ailleurs, aussi serait-il bien de les renvoyer dans leur désert fait de misères et de violences. Comment la parole de Dieu peut-elle être audible quand le refus de l’autre, confronté à la vulnérabilité, trouve une telle audience médiatique ?

Abaissez les collines

Vînt un homme. Il n’avait pas la formation des grands prêtres, fuyait les titres. Sa simplicité le disputait à son rayonnement né de la cohérence de sa vie avec la parole de Dieu dont Il témoignait. D’aucuns venaient l’entendre, mais la parole proclamée avait la tendresse d’un amour et la rudesse d’une exigence : « Rendez droits les sentiers qui préparent les chemins du Seigneur, comblez les ravins et abaissez collines et montagnes » (Is 40, 3). Ne construisez pas de murs, tout être vivant doit voir le salut de Dieu. Que d’hommes basculent dans des ravins, des squats, la rue. Impossible de ne pas voir ces invisibles, et pourtant, pour s’habituer au drame de ceux qui n’ont rien pour habiter, on passe nos chemins sans prêter attention. Quelle préparation alors à la venue du Seigneur ? Qu’est-ce qui nous fait nous lever, marcher ? Quelle est notre attente ?

Dieu ne vient pas séduire. Il parle au cœur pour nous apprendre à aimer.

J’entends : mon propos ne va pas plaire, mais je ne suis pas à part des autres et cette Parole, je la reçois comme vous, mesurant la distance entre ce que je vis et ce que la Parole de Dieu m’invite à vivre. Dans quelques semaines, c’est Noël, un moment qui, au début de notre ère comme en ce troisième millénaire, parle aux plus fragiles. Comment s’en étonner puisqu’ils ne sont pas encombrés par ce qu’ils possèdent et par l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes ? La Parole est claire : faites tomber les barrières, celles-là mêmes que nous plaçons à l’intérieur de nous-mêmes pour nous protéger afin de ne rien changer. Mais est-ce notre désir ? 

Le risque de Noël

« Préparez les chemins du Seigneur. » Comment pourrait-il venir alors que nous avons mis tant de péages, de barrières, de matérialités dans notre histoire et que l’incroyable don de sa vie ne vient pas ouvrir la nôtre ou si difficilement ? Des Jean-Baptiste, heureusement, témoignent de sa venue ; ils nous désarment le temps de la rencontre, parfois davantage. Alors, tels ces quelques visiteurs importants venus à la crèche, ils s’en retournent par un autre chemin, si libérés qu’ils abandonnent ce qui les encombrait. Cette préparation à Noël est loin d’être une séduction : Dieu ne vient pas séduire. Il parle au cœur pour nous apprendre à aimer. Il faut beaucoup de silence pour l’entendre et, dans ce vacarme entendu depuis des mois « contre ceux-ci, contre ceux-là », comme il est bon de se rendre à cette crèche, se laissant guider par une étoile, non point pour s’en emparer mais pour consentir à ce que notre vie soit éclairée autrement. Alors Noël se précise : c’est un risque, et quel risque ! Mais quel est-il à côté de celui que Dieu prend pour nous ?

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