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La quiétude du pittoresque village limousin de Solignac sera troublée ce dimanche à 15 heures par une volée de cloches annonçant la première grand-messe célébrée par Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges, pour accueillir les nouveaux occupants des lieux : des bénédictins issus de l’abbaye Saint-Joseph-de-Clairval (Côte d'Or), dont les murs devenaient trop étroits pour contenir le flot de robes noires des héritiers de saint Benoît.
Une date à marquer d’une pierre blanche pour le diocèse tout entier : « Les moines renouent en ces murs de Solignac avec le fil d’une tradition monastique vieille de 11 siècles, jubile le chargé de projet de l’abbaye, Damien Deleersnijder. Et ils marquent du même coup le retour de la vie contemplative masculine dans le Limousin. Deo gratias ! » L’abbaye s’éveille ainsi d’un sommeil de 17 années : après le départ de la communauté du Verbe de vie en 2004 et le rachat des bâtiments par le diocèse, elle ne servait plus qu’occasionnellement pour des activités paroissiales ou diocésaines.
Un poumon spirituel pour le Limousin
Depuis la Révolution, elle avait tour à tour été laïcisée (pensionnat de filles, fabrique de porcelaine) puis rendue à sa vocation spirituelle (avec l’installation d’Oblats à la fin de la Seconde Guerre mondiale.) Mais les derniers bénédictins, présents en ces lieux depuis la fondation, au VIIe siècle, avaient été évincés à la Révolution.
À charge pour leurs héritiers non seulement de redonner une âme à ce lieu hautement spirituel, mais aussi de le restaurer, en collaboration avec le diocèse. Joyau de l'art roman, l’église abbatiale, plusieurs fois remaniée, est parfaitement conservée. Devenue église paroissiale depuis le XIXe, elle le restera pour la célébration des baptêmes, mariages et obsèques sous la houlette d’un curé desservant et sera ouverte à la visite dès l’office de Matines… à 5h25. Les visiteurs pourront assister aux sept offices de la liturgie bénédictine.
Ce sont les bâtiments monastiques du XVIIIe siècle, formant un quadrilatère de 10.000 m2, qui nécessitent quelques travaux, notamment le porche saint Jean, datant du XVIIe, par lequel arrivaient les pèlerins de Saint-Jacques. Séduites par le projet, les équipes zélées de la Mission Stéphane Bern apporteront leur financement à hauteur de 20% et la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) à hauteur de 30%. Pour les 50% restants, une convention de partenariat a été signée avec la Fondation du Patrimoine.
Tous les amoureux des vieilles pierres ou/et du chant grégorien sont appelés à participer à cette restauration et du même coup au renouveau de l’abbaye. Pourquoi ne pas solliciter également Là-haut un petit coup de pouce de son fondateur, « le bon saint Eloi », fameux ministre du roi mérovingien Dagobert.