En janvier 2021, alors que les premières campagnes de vaccination débutent à peine partout dans le monde, le pape François déclare sur une chaîne italienne : "Je crois que, d’un point de vue éthique, tout le monde doit se faire vacciner, c’est un choix éthique parce ce qu’on met en jeu sa santé, sa vie, mais aussi la vie des autres". Le pontife s'engage dès lors publiquement en faveur de la vaccination, allant jusqu'à dénoncer le "négationnisme suicidaire", selon lui, des propos des anti-vaccins. Il montre l’exemple en se faisant vacciner, recevant la première dose en janvier et la seconde en février.
L'"internationalisme du vaccin"
Mais ce n’est pas tout : le Saint-Siège s'est fait le héraut d’un "internationalisme du vaccin", demandant aux chefs d’État des pays concernés de lever les brevets de fabrication des vaccins afin d’assurer au maximum un accès universel aux vaccins. Aucune entreprise française n’ayant pour l’heure développé un vaccin contre le Covid-19, la question des brevets est certes moins sensible en France que dans d'autres pays. Néanmoins, alors qu'il était jusqu'alors opposé à la levée des brevets, Emmanuel Macron s’y est finalement déclaré favorable, changeant d’avis de la même façon que l’avait fait Joe Biden.
Dans le cas du président américain, l'appel du pape François semble avoir joué un rôle important. A-t-il eu une influence similaire sur le président français ? Rien ne permet de l’affirmer aujourd’hui, même si les deux hommes ont beaucoup échangé par téléphone depuis le début de la crise sanitaire. Trois fois : en avril 2020, en octobre 2020 puis en mars 2021.
Annulation de la dette des pays pauvres
Lors leur dernier échange, Emmanuel Macron avait évoqué avec le pontife son livre Un temps pour changer (publié septembre 2020), un ensemble de réflexions sur l’après Covid dans lequel le pape François appelait à ne pas revenir au monde d’avant, plaidant entre autres pour l'annulation des dettes des pays pauvres. Un sujet qui concerne la France, très liée à certains pays africains. En mai dernier, Emmanuel Macron a annoncé qu'il comptait annuler la dette de plusieurs d'entre eux pour éviter que la crise sanitaire n'aboutisse à un effondrement économique.
Au sujet de la vaccination en Afrique, Emmanuel Macron pourrait mettre en avant l’effort de solidarité qu’il a initié en la matière récemment. En septembre dernier, l’Élysée s’est en effet engagé à livrer 120 millions de doses aux pays les plus pauvres – même si, pour l'heure, seules 10 millions ont été officiellement livrées. Un choix fait par la France que devrait apprécier le pontife, pour qui le "vrai défi actuel" est de s’assurer que "chacun dans le monde ait un égal accès au vaccin".