Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
La dernière intervention du Vatican en matière de contrôle dans un diocèse s’est déroulée du 28 mai au 16 juin et concernait l'archidiocèse de Cologne (Allemagne). Le pape François avait alors envoyé le cardinal Anders Arborelius, évêque de Stockholm, et Mgr Johannes van den Hende, évêque de Rotterdam, en tant que visiteurs apostoliques. Leur mission : « Se faire une idée complète de la situation pastorale complexe de l’archidiocèse ».
Demandée par l’archevêque de Cologne, le cardinal Rainer-Maria Woelki, la venue des deux prélats visait surtout à évaluer l’action de l'archevêque et de ses auxiliaires dans leur gestion de cas d'abus sexuels commis par des prêtres. Malgré un rapport indépendant blanchissant très largement les prélats colognais, le cardinal Woelki, toujours sous le feu des critiques, a semblé avoir le plus grand mal à éteindre les polémiques. Après enquête, le Pape l’a définitivement mis hors de cause tout en acceptant sa demande de se mettre en retrait pendant quelques mois.
Une procédure extraordinaire et temporaire
Une visite apostolique de ce type est une procédure extraordinaire et temporaire décidée par le Saint-Siège et toujours assurée par une autorité extérieure à l’ensemble concerné. Elle peut viser une communauté spécifique (par exemple les Légionnaires du Christ en 2010), un sanctuaire (comme celui de Medjugorje en 2018) ou encore un pays tout entier comme cela avait été le cas à partir de 2005 pour les séminaires américains ou, dès 2010, en Irlande. Elle ne concerne pas systématiquement des questions d’abus sexuels mais peut porter sur d’autres types de problèmes de gouvernance.
Dans le cas de la France, une procédure comparable à celle mise en place dans l’archidiocèse de Cologne semble inadaptée, la France comptant en tout 93 diocèses que les évêques français souhaitent voir tous "visités"
Lorsqu'ils sont envoyés, les visiteurs se voient attribués par l’autorité vaticane qui les nomme – un dicastère ou le Pape en personne – tous les pouvoirs nécessaires pour mener leur mission à bien. Par ailleurs, toutes les personnes du diocèse ou de la communauté concernée doivent assister pleinement les visiteurs sans tenter d'entraver leurs recherches.
Pas de "task force"
Dans le cas de la France, une procédure comparable à celle mise en place dans l’archidiocèse de Cologne semble inadaptée, la France comptant en tout 93 diocèses que les évêques français souhaitent voir tous "visités". Interrogé par nos soins, le Père Hans Zollner, spécialiste de la lutte contre les abus sexuels à Rome, reconnaît qu’il ne sait pas quelle forme exacte pourrait prendre l’intervention du Saint-Siège. Il envisage la formation d’un « groupe extérieur » capable de « vérifier » si les résolutions proposées par les évêques sont adaptées et bien mises en place.
Le prêtre jésuite, membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, considère d’ores et déjà que le pape François ne devrait pas faire appel à une autre procédure d’intervention : celle de la "Task force". Cette équipe d’intervention spéciale contre les cas d’abus est pourtant récemment intervenue en Pologne et au Mexique après les révélations de nombreux scandales dans ces pays.
Mais, comme l’explique le prêtre allemand, cette entité n’intervient que dans les conférences épiscopales qui n’ont pas encore « mis à jour leurs lignes directrices en matière de protection des mineurs », c’est-à-dire, les normes établies par le pape François dans son Motu proprio Vos estis lux mundi en 2019. Ce "décret" du Pape établit formellement toutes les procédures que doivent mettre en place les évêques dans leur diocèse contre les cas d’abus. Et sur ce point, avec le rapport de la CIASE et les annonces récentes, le père Zollner considère que « les Français ont fait leur travail ».
Supervisée par un cardinal ou un évêque
L’intervention sera donc probablement celle d’un « groupe indépendant, pour plus d’objectivité et de crédibilité dans les résultats », explique le jésuite. Elle devrait en outre être supervisée par un cardinal ou un évêque, comme c’est toujours le cas lors d’une visite apostolique d’un diocèse. Le précédent le plus proche est probablement la grande visite apostolique en Irlande déclenchée en 2010 par Benoît XVI. Il avait à l’époque nommé quatre « visiteurs » – dont le cardinal Cormac Murphy-O'Connor, archevêque émérite de Westminster et le cardinal Sean Patrick O'Malley, archevêque de Boston. Elle ne visait cependant que quatre diocèses, ceux d’Armagh, de Dublin, de Cashel and Emly, et de Tuam pour « explorer plus profondément » les questions liées aux abus sur mineurs.
Nul ne sait en revanche ce que le pape François va décider dans le détail pour la France. Pas plus que n’est connue la date du début de cet « audit ». Dans le cas de l’archidiocèse de Cologne, le cardinal Woelki avait attendu plusieurs mois avant que le pontife ne décide d’envoyer ses visiteurs.