Après une rencontre historique à Assise (Italie) ce vendredi entre le pape François et 500 pauvres, la 5e journée mondiale des pauvres, dimanche 14 novembre, a marqué les cœurs et les esprits de milliers de personnes. Un temps de prière mondiale coordonné par l’association Fratello, au cours duquel le pape François a délivré un message aux plus pauvres, a rassemblé à lui seul 20.000 personnes. "Cette journée a permis d’attirer l’attention sur les plus pauvres et de faire l’expérience de la pauvreté", confie à Aleteia Étienne Villemain, co-fondateur de Fratello. "Si vous faites l’expérience de l’amour de Dieu à travers les pauvres une fois, vous ne pourrez plus faire comme avant."
Aleteia : Comment s’est déroulée cette 5e journée mondiale des pauvres ?
Étienne Villemain : De manière extraordinaire. La première partie s’est déroulée autour du pape François, à Assise, vendredi 12 novembre. C’était le pape des pauvres, avec des pauvres, dans la ville du Povorello. Le Pape les a accueillis d’une très belle manière, avec humanité, tendresse et fraternité. La seconde partie s'est déroulée ce dimanche, nous avons vécu un temps de prière mondiale avec près de 20.000 personnes ! Là encore le Pape leur a adressé un message en disant que parmi les pauvres se cachaient des saints. Ses mots sont extrêmement forts.
Le pauvre est dépendant de Dieu, et ce manque, seul Jésus peut le combler.
Aujourd’hui le mot de "pauvre" est souvent mal compris, on y voit quelqu’un de dépendant. Mais il est dépendant de Dieu, et ce manque, seul Jésus peut le combler. En un sens être pauvre est une grâce. D’ailleurs dans les évangiles le terme de pauvre n’est pas employé avec une langue râpeuse mais avec beaucoup de tendresse et de douceur. Les personnes pauvres n’ont pas peur de ce mot. Ce sont les personnes riches qui en ont peur, qui ne veulent pas les écouter. On a peur par contagion de le devenir donc on refoule la pauvreté. Alors que celui qui s’est fait le plus pauvre, c’est Jésus. Il se fait pauvre car il veut descendre dans nos cœurs pauvres pour y faire sa demeure.
A-t-elle été à la hauteur de vos espérances ?
Une chose est sûre elle n’a jamais été aussi grande ! J’ai l’impression que chacun prend progressivement conscience qu’en accueillant la pauvreté, la fragilité, nous laissons une place à quelque chose d’inconfortable, nous laissons un creux, un manque dans lequel Dieu peut venir déposer sa présence. Dieu peut venir habiter l’étable de nos cœurs. Trop souvent nous sommes plein de nous-même et ne lui laissons aucun espace.
Cette journée mondiale des pauvres existe depuis cinq ans. Observez-vous des changements chez les fidèles, dans les paroisses ?
Je constate que nous sommes moins dans un système où "on sert pour" mais de plus en plus où "on fait avec". Au lieu de servir la soupe aux pauvres, par exemple, nous allons plus volontiers partager un repas avec eux. Par ailleurs il y avait avant plus souvent d’un côté ceux qui faisaient du social et de l’autre le spirituel. Désormais le spirituel nourrit la charité et la charité nourrit le spirituel. Un peu à l’image de saint François d’Assise, grand mystique qui priait quotidiennement tout en se faisant proche des plus pauvres.
Et maintenant ?
Tout commence ! Cette journée mondiale pour les pauvres, nous devons la vivre tous les jours. Elle permet d’attirer l’attention et de faire l’expérience de l’accueil des plus fragiles, de la pauvreté. Mais si vous faites une fois cette expérience de l’amour de Dieu à travers les pauvres, vous ne pourrez plus faire comme avant. Cette journée est un souffle pour le reste de l’année. Nous n’irons pas au Ciel sans la charité. Et la charité se vit avec les plus petits et les pauvres.
Comment faire de la place aux plus pauvres dans notre quotidien ?
C’est très difficile. La meilleure façon, me semble-t-il, est de faire l’expérience de l’adoration, de Jésus qui se fait si pauvre dans un bout de pain. Il faut Lui demander de nous donner un cœur de compassion, de nous inspirer des actes de charité. Mère Teresa disait : "Cherchez les pauvres, trouvez-les, aimez-les". Il faut demander à Jésus à nous apprendre à les rencontrer. De ce cœur de compassion naît un cœur d’évangélisation.