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Ukraine, 1937. Un vent polaire souffle à l'extérieur du commissariat de Wiezboviec. Dans sa chaise roulante au fond d’une cellule sale et mal chauffée, Janina fait tourner son chapelet dans ses mains.
Son heure n’est pas loin. Elle le sait. Alors il lui faut terminer le rosaire qu’elle n’a pu finir avec ses amis. Au moins, elle est la seule à avoir été emmenée lorsque la police à fait irruption chez elle. Sa mère est sans doute en train de pleurer, songeant qu’elle ne verra plus sa fille. Alors Janina prie pour sa mère, nourrissant l’espoir que ses amis prient pour elle également.
Un tribunal sans Dieu
Malgré le froid et le sort qui l’attend, la jeune femme n’a pas peur. Le sort que lui réservent ses hommes sans Dieu la mènera directement au Christ. Depuis l’arrestation du prêtre du village et la fermeture de l’église, les habitants ont improvisé pour entretenir leur foi. On a proposé à Janina d’accueillir un groupe pour prier le chapelet. Même en sachant les risques, elle les a accueillis à bras ouverts. Parce que sans messe et sans sacrement, il n’y que la prière pour entretenir les braises de la foi.
Quelques jours plus tard, on emmène Janina au tribunal. Les hommes à qui elle fait face ont le visage durci. Ils reflètent une existence fade sans Dieu et sans vision d’un monde qui dépasse l’entendement des hommes. Ils trouvent leur gloire dans la violence et l’oppression. Janina les plaint. Contrairement à eux, elle trouvera bientôt la paix. Ce procès n’est qu’une formalité pour signer son arrêt de mort.
- Êtes-vous à la tête du groupe de prière ? demande le procureur soviétique, d’un ton accusateur.
- Oui, je guide le rosaire, répond-elle poliment. Mais ce n’est pas une organisation clandestine. Nous ne faisons que prier.
Le prix de la foi
Ce jury a déjà décidé de son sort. Elle sera condamnée sous prétexte de trahison ou de complotisme. Alors autant rester honnête jusqu’au bout. Le procureur paraît perplexe face à la sérénité de l’accusée. Il demande alors combien de personnes font partie du groupe de prière. Janina répond encore sincèrement.
- Quinze ! s’exclame le procureur. Et vous prétendez qu’il ne s’agit pas d’une organisation clandestine ? Qui vous a recruté ? Qui vous envoie vos livres ?
Janina répond qu’ils n’ont pas de livres, uniquement leur chapelet pour prier. Mais même sans chapelet, la prière vient du cœur. Le procureur s'empourpre de colère devant ce qu’il juge être de l’insolence.
Cette phrase conclut le procès. Après cet échange, Janina est tuée d’une balle dans la tête. Ses paroles ont-elles provoqué la colère de ses juges sans Dieu ? Ou bien ont-il cru plus clément de l'abattre sachant qu’elle ne survivrait pas longtemps aux goulags ? Nul ne le sait.
Janina Jandulska a perdu la vie à cause de son amour pour le rosaire. Mais c’est avec une confiance totale en Dieu qu’elle est entrée dans le royaume éternel.