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La philosophe Simone Weil considérait la sécurité et le risque comme des besoins essentiels de l'âme. On aurait tort de considérer le besoin de sécurité comme un instinct bourgeois, comme la satisfaction paresseuse d’un désir de confort et d’inertie. Bien au contraire : la sécurité permet à ceux qui en bénéficient de se lancer dans l’action, et d'être en capacité de prendre des risques.
En effet, lorsque nous créons un climat de sécurité auprès de ceux qui nous sont confiés, nous leur permettons de se construire dans un juste rapport au temps, parce que nous faisons du présent un lieu où l’action est possible, où la peur ne vient pas paralyser le corps, ou la peur ne vient pas empêcher de réfléchir, de comprendre les situations. On sait par exemple que les enfants subissant du harcèlement à l’école, que des enfants victimes de brutalités dans leur famille, sont non seulement touchés dans leur intégrité physique, mais également atteints dans leur capacité à être reliés au présent de l’action : et à l’école, on constate qu’ils peinent à comprendre ce qu’ils lisent, ou ce qu’on leur demande, ils sont là sans être là. Non seulement la sécurité nous ancre dans le présent, mais de plus elle structure notre rapport à l’avenir. Pourquoi ? parce qu’elle nous permet d'imaginer un avenir réalisable, de faire des projets, d’envisager les diverses façons de les mener à bien.
La sécurité est donc une nécessité politique, une nécessité éducative, une nécessité morale. Elle est aussi essentielle à l'âme que le risque lui-même : c’est pourquoi elle ne doit pas être considérée comme un but en soi, mais comme le creuset de la liberté, le support de toute initiative présente et future, le préalable à toute prise de risque. Elle a donc pour miroir le risque lui-même : nous avons besoin de risque pour faire l’expérience de cette liberté que la sécurité procure. Une vie sans risque est une vie sans intensité, une vie d’ennui dans laquelle la peur et l’insécurité finissent par distiller leur poison : on finit par se croire incapable de surmonter les obstacles ou les dangers qui ne manqueront pas de se profiler, et qui sont le lot de toute vie.
Voici donc un enjeu majeur de l’éducation, un enjeu majeur de l’action politique : créer les conditions de stabilité qui permettent à chacun de se lancer dans des entreprises dont le résultat n’est pas écrit d’avance, mais grâce auxquelles il est donné à tous d'être acteur de sa vie et moteur du bien commun.