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La ville d'Ankawa, au nord de l'Irak, sera dorénavant un district de la province autonome du Kurdistan. Historiquement chrétienne, elle était devenue à la faveur des guerres le refuge de dizaines de milliers d'habitants de la plaine de Ninive. Lundi 4 octobre, Masrour Barzani, le président de la région autonome du Kurdistan a choisi de donner un nouveau statut à la ville, vantant le fait de donner ainsi aux chrétiens la possibilité de "façonner leur destin".
Considérée jusqu'ici comme le quartier chrétien d'Erbil en tant que sous-district, la ville devrait se voir doter de moyens supplémentaires, disposer de l’autorité de police ou bien encore de la possibilité d'abriter des services publics essentiellement implantés à Erbil. Si les habitants pourront également participer à la nomination de leurs dirigeants locaux, pour l'essentiel, les contours de l'annonce demeurent flous.
Dilan est franco-irakien et vit à Ankawa d'où sa famille est originaire. Comme nombre de ses voisins, il a été surpris par la déclaration du président du Kurdistan irakien. "On ne s'attendait pas du tout à cette nouvelle. Beaucoup de gens ne comprennent pas vraiment les enjeux concrets, donc ils sont dubitatifs. Ils se demandent s'ils doivent se préparer à voir des impôts supplémentaires arriver ou si l'annonce va inciter d'autres personnes à venir s'installer ici." En effet, les prérogatives liées à l'acquisition de ce nouveau statut se font progressivement connaître mais les obligations et les contraintes qui y sont attachées n'ont pas encore été totalement identifiées.
Le changement laisse en tout cas entrevoir une meilleure présence des services publics. Une nouvelle donne qui pourrait présager de futurs mouvements de populations attirées par la ville. Et elles ne seraient pas les seules, les leaders kurdes soignent à l'échelle internationale l'image d'une région en plein développement qui est accueillante vis-à-vis des minorités religieuses. Non contents d'ériger "le district chrétien le plus important du Moyen Orient", ils se targuent de fournir – en partenariat avec les investisseurs étrangers – terres et services aux communautés nouvellement installées. Car depuis la chute du régime de Saddam Hussein et les conflits successifs qui ont meurtri le pays, la ville a vu sa population se multiplier tout autant que ses besoins. Rendant ainsi le soutien de partenaires étrangers indispensable aux responsables du Kurdistan irakien qui se veulent défenseurs de la minorité chrétienne.
L'annonce est survenue quelques jours avant les élections législatives. Sur place l'archevêque syriaque catholique de Hadiab-Erbil, Mgr Nathaniel Nizar Semaan, ainsi que l'archevêque chaldéen catholique d'Erbil, Mgr Bashar Warda, se sont félicités d'une nouvelle qui consolide la présence chrétienne en Irak.