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Persécutions religieuses, violences… Le cri d’alarme d’un évêque nigérian

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Sylvain Dorient - publié le 09/10/21
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L’évêque nigérian Wilfred C. Anagbe s’indigne du silence des médias concernant son pays. Alors que ces derniers restent branchés sur la pandémie de Covid-19, des groupes armés d’inspiration djihadistes opèrent un nettoyage ethnique à l’encontre des agriculteurs chrétiens.

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"Quand je lis Nigeria dans les titres des médias internationaux - et c’est rare - c'est pour y voir développer des inepties comme l’histoire d’une guerre entre sédentaires et nomades. La réalité que nous vivons, ce n’est pas la guerre, c’est un génocide. Des Foulanis réalisent des raids sur les chrétiens cultivateurs", a dénoncé auprès d’Aleteia Mgr Wilfred C. Anagbe évêque du diocèse de Makurdi, au centre du Nigeria, en marge d’une conférence organisée  par l’Aide à l’Eglise en détresse (AED). Les méthodes qu’il décrit, à savoir des attaques de village visant à en terroriser les habitants, des viols de masse, suivis d’injonctions à quitter le territoire trahissent une volonté de nettoyage ethnique. 

Or, dénonce Mgr Wilfred C. Anagbe, il y a pire encore que le silence des médias, il y a celui des autorités auprès desquelles il cherche jour après jour assistance pour ses paroissiens. Elles communiquent le moins possible sur les massacres qui ont lieu le long de la bande du Sahel. Ou quand elles le font, c’est pour accuser Boko Haram. Certes, cette organisation terroriste ethniquement à majorité Kanouri a causé la mort de près de 36.000 personnes à elle seule, selon l’ONU. Pourtant elle n’est plus la principale menace qui frappe les chrétiens. Cette organisation en déclin est activement combattue par le gouvernement nigérian. Alors que les milices foulanis semblent impunies. 

Le fait que l’ethnie Foulani soit sur-représentée parmi les forces armées et le gouvernement ; et que le président Muhammadu Buhari lui-même soit un Foulani de Dora, à l’extrême nord du pays, porte les chrétiens à s’inquiéter de leur impartialité. 

L’AED confirme la tendance pointée par l’évêque dans son Rapport sur la Liberté religieuse dans le monde. Le 13 décembre 2020, un rapport spécial publié par la Société internationale pour les libertés civiles et l’État de droit a conclu que de janvier 2020 au 13 décembre 2020, environ 2.200 chrétiens avaient été tués au Nigéria. "Les djihadistes peuls* ont fait 1.300 morts parmi les chrétiens, suivis par Boko Haram et ses groupes dissidents (ÉIAO et Ansaru), qui ont fait 500 morts parmi les chrétiens. L’armée nigériane a également tué 200 judéo-chrétiens en 2020, tandis que des “bandits” djihadistes ont fait 100 morts parmi les chrétiens", peut-on y lire. Encore ces chiffres sont-ils probablement parcellaires, en raison des difficultés de communication dans le pays. Des difficultés encore accrue par la pandémie de Covid 19.

Or, les victimes nigérianes ont désespérément besoin d’avoir accès à l’information. Pour obtenir une aide humanitaire et dénoncer les intérêts que cachent leur situation dramatique. L’un des prêtres du diocèse de Makurdi, le père Remigius Ihyula voudrait que soit posé cette question : "Qui sont les sponsors des terroristes ?" Comment expliquer que des nomades d’une population pauvre soient si bien armés et équipés ? Tant qu’on n’aura pas résolu cette question, on ne pourra pas résoudre la tragédie nigériane, conclut-il. 

*Peuls et Foulanis sont quasi synonyme : Foulani est le nom que l’on donne aux Peuls au Nigéria. 

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