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Archevêque émérite de Lyon, désormais aumônier des Petites Sœurs des Pauvres à Saint-Pern, le cardinal Philippe Barbarin peut se réjouir. C'est grâce à sa requête que saint Irénée de Lyon sera prochainement proclamé par le pape François docteur de l'Église et rejoindra ainsi le cortège des 36 docteurs de l’Église dont quatre français : saint Bernard de Clairvaux, Hilaire de Poitiers, François de Sales et Thérèse de Lisieux. Il confie à Aleteia les coulisses de cette annonce qui est un "beau signal envoyé au monde".
Aleteia : En janvier 2018, alors en déplacement à Rome, vous avez demandé au pape François de faire de saint Irénée un docteur de l’Église. L’annonce a été faite ce 7 octobre. Une belle surprise pour vous ?
Cardinal Philippe Barbarin : En réalité, je savais depuis samedi dernier que la bonne nouvelle approchait : J’étais venu rencontrer le pape François avec plusieurs personnes de la fondation Saint Irénée. A ma question à ce sujet, il m’a répondu « ça approche ». Et il a ajouté qu’il « signerait avant la fin du mois ». Et hier, à ma grande joie, il l’a confirmé lors de sa rencontre avec les théologiens catholiques et orthodoxes !
Archevêque de Lyon, vous aviez alors compris toute l’importance du rayonnement de saint Irénée…
Quand j’étais à Lyon, je remarquais que tous les représentants des différentes Églises chrétiennes - dès qu’ils venaient me rencontrer - voulaient d’abord aller prier sur sa tombe. C’est là que j’ai compris qu’il est la figure pivot du point de vue de l’œcuménisme et de la théologie. Il est celui qui réfute toutes les hérésies, c’est le point de départ de la théologie orientale comme occidentale. Avant la division. Saint Irénée est le tronc commun, lui qui est un oriental et qui est devenu l’évêque de Lyon. Tous les chrétiens peuvent ainsi considérer saint Irénée comme leur père.
Personnellement, qu’est-ce qu’il a représenté pour vous, son successeur à l’archevêché de Lyon pendant 17 ans ?
Aujourd’hui, le bureau de l’évêque de Lyon est tout près de son tombeau dans la Maison Saint-Irénée. Cela donne l’impression d’être son successeur et son voisin à la fois. Symboliquement, c’est formidable. Irénée, c’est le deuxième évêque de Lyon. C’est le tout début de l’Église en Gaule ! Ce sont nos racines chrétiennes, qui poussent quasiment jusqu’aux apôtres ! Quand je pense qu’Irénée avait connu Polycarpe qui avait lui-même connu l’apôtre Jean ! Il a touché celui qui avait touché le Christ ! Il est le point d’ancrage commun le plus ancien, avec le martyre de Pierre et Paul à Rome.
Vous aviez fait cette demande auprès de Benoît XVI il y a plus de dix ans...
Oui, j’en avais parlé avec Benoît XVI. Je lui avais demandé qu’Irénée soit docteur de l’Église et que cela puisse être proclamé non seulement par l’Église catholique, mais aussi par le Patriarche de Constantinople, les Chrétiens d’Arménie, les Coptes d’Égypte, les responsables protestants de Genève… Parce que partout dans le monde, saint Irénée est très aimé et très respecté. Il symbolise l’unité d’avant les divisions !
A l'époque Benoît XVI avait fait la remarque qu’on ne pouvait pas proclamer docteur de l’Eglise celui qui était déjà proclamé martyr. Pourquoi ?
Parce que le statut de martyr c’est, du point de vue doctrinal, le sommet. Mais ensuite, lors de notre conversation, Benoît XVI avait dit que nous ne savions rien sur lui à partir de 198, juste qu’il était mort en 202. « On l’a décrété martyr au Vème ou VIème siècle mais en réalité on ne sait pas s’il a vraiment été martyr », a-t-il conclu. Et en le constatant, il avait alors décidé de soumettre cette question à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui a finalement donné son accord pour qu’il soit proclamé docteur de l’Eglise.
Docteur de l’Église, mais aussi Docteur de l’Unité...
J’en suis très ému et très heureux car cette déclaration du pape François manifeste le désir d’unité avec tous les chrétiens. Un beau signal envoyé au monde.