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Les apparitions de Fatima demeurent un événement majeur dans la vie de l’Église du XXe siècle. En 1917, la Sainte Vierge apparaît en pleine Première Guerre mondiale à trois petits bergers du Portugal, leur révélant ses espérances et des secrets connus sous le nom des « secrets de Fatima ». Le dernier film du réalisateur Marco Pontecorvo sur Fatima est sans aucun doute le meilleur réalisé à ce jour sur le sujet.
Aleteia : Cela fait un siècle que les apparitions ont eu lieu. En quoi le film peut-il parler aux gens d’aujourd’hui ?
Marco Pontecorvo : Fatima est est une histoire qui peut parler à tous parce qu’elle évoque avant tout la folie de la guerre. Le premier message de la Sainte Vierge au bergers, que l’on y croit ou pas, est : « Arrêtez cette folie de la guerre ». Je pense que c’est un message pour aujourd’hui et qui nous concerne tous ! Ce qui m’intéressait aussi, c’était d’étudier les rapports au sein de la famille et la force de cette enfant qui défend ce en quoi elle croit face à tous, même face à sa mère. C’est quelque chose qui peut arriver tous les jours. Ce qui valait hier ou il y a cent ans, vaut aussi pour aujourd’hui.
Le thème est assez différent de ce que vous avez fait auparavant. Pourquoi avoir choisi d’aborder les apparitions de Fatima quand les sujets spirituels peinent à attirer le public en France ou en Italie ?
Je ne crois pas que ce film soit avant tout religieux. Il évoque d’abord les relations humaines. Cela n’est pas très éloigné de mon film Pa-ra-da qui évoque l’amitié et le respect. Je suis assez admiratif de cette enfant, Lucie, qui a fait la "guerre" à tout le monde pour dire que ce qu’elle a vu est vrai. C’est ça que j’ai voulu retranscrire. Je n’ai pas voulu faire un film pour affirmer ou non la véracité des apparitions.
Votre mise en scène permet d’accompagner avec justesse l’évolution du rapport de la foule aux apparitions. Celle-ci passe surtout par le jeu magnifique des enfants. Comment avez-vous fait pour les préparer aux rôles ?
Nous avons fait beaucoup d’auditions pour choisir les enfants. Dans Pa-ra-da je travaillais avec de vrais enfants des rues, c’était plus difficile. Avec ces trois enfants, j’ai beaucoup travaillé sur les attitudes. Les enfants d’aujourd’hui ont du mal à imaginer un monde rural tel qu’il était autrefois, où la religion était au centre de la vie et même des jeux. De plus, le rapport à la nature et à la terre était beaucoup plus présent à l’époque. J’ai beaucoup travaillé là-dessus.
Faire un film sur Fatima, était-ce selon vous une manière de redonner la parole aux enfants et de revenir à la pureté du message de Dieu ?
Ce n’est pas moi mais la Vierge Marie qui a choisi ces trois enfants. J’ai simplement tenté de m’appuyer sur le regard que les enfants portent sur le monde. Ils représentent notre futur. Ne pas leur donner cette importance, ne pas les écouter, ne pas regarder les événements à travers leur regard aurait été une erreur. Il y a la foule de pèlerins qui les entoure mais eux et la Madone sont toujours dans un monde qui leur appartient.
Pourquoi avoir mis l’accent sur le scepticisme, très présent, des parents ?
L’histoire que Lucie raconte dans ses mémoires est ainsi. Elle dit que sa mère était l’une des plus sceptiques. Elle l’a d’ailleurs frappée de nombreuses fois, et dans le village beaucoup de personnes ne la croyait pas. Il a fallu attendre le miracle du soleil pour que tout change. Lucie a continué de se battre grâce à sa foi. Elle aurait pu y perdre sa famille. Il faut aussi rappeler que le lieu des apparitions se trouvait sur les champs de son père. Les pèlerins ont tout détruit par leur passage et la famille n’avait plus rien à manger. Je trouvais cela important de l’évoquer.
Avez-vous personnellement la foi ? Aviez-vous le désir que les gens découvrent quelque chose de cet ordre ?
Je crois mais je ne suis pas pratiquant. Personnellement, je pense que les apparitions de Fatima sont vraies mais je ne voulais rien imposer car aucun d’entre nous ne détient la vérité. Je respecte tous les points de vue, mais j’espère apporter une réflexion, notamment à travers les personnages que j’ai créés comme la nature et sa beauté, des personnages à part entière dans le film. Cette enfant, Lucie, se sent en rapport avec le divin, immergée dans la nature. C’est ce que j’ai pu lire dans ses mémoires.