Le pape François a annoncé qu’il déclarerait prochainement saint Irénée de Lyon "docteur de l’Église avec le titre de Doctor unitatis [docteur de l’unité, en latin]" lors d’un discours lu devant un groupe de théologiens catholiques et orthodoxes portant le nom du Père de l’Église, le 7 octobre 2021. Le pontife recevait le Groupe mixte de travail orthodoxe-catholique Saint Irénée au Vatican à l’occasion de leur session annuelle, organisée pour la première fois à Rome. Il les a remercié pour leur travail théologique "au service de la communion entre catholiques et orthodoxes".
Le pape François a donné le saint d’Orient venu exercer son ministère en Occident comme exemple de "pont spirituel et théologique". Le second évêque de Lyon, a-t-il souligné, porte dans son nom même "l’empreinte du mot paix" – εἰρήνη / eirênê en grec signifie “paix”. Cette paix "n’est pas une paix “négociée”, fruit d’accords pour protéger des intérêts", a averti le pontife, mais une paix qui "rétablit l’unité", celle "de Jésus".
Le pape François a insisté sur le rôle de la synodalité, structurelle dans les Églises orthodoxes, qui selon lui permet une "approche fructueuse de la primauté" de Rome sur les autres diocèses. Il s’est d’ailleurs dit convaincu que le synode qu’il va inaugurer le 10 septembre prochain sera "l’occasion d’approfondir également cet aspect important" pour l’Église catholique. En janvier 2018, le cardinal Philippe Barbarin, primat des Gaules, en déplacement à Rome, avait demandé au pape François de faire de saint Irénée un docteur de l’Église.
Deuxième évêque de Lyon, entre 177 et 202, saint Irénée s’est illustré par sa dénonciation de l’hérésie dualiste qui affirmait que les êtres humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel. Soucieux de l’unité de l’Église, saint Irénée est en revanche intervenu auprès du pape pour empêcher d’excommunier les communautés qui fêtaient Pâques à une autre date que l’Église romaine.
L’Église attribue officiellement le titre de docteur à des théologiens auxquels elle reconnaît une autorité particulière de témoins de la doctrine, en raison de la sûreté de leur pensée, de la sainteté de leur vie, de l’importance de leur œuvre. Actuellement, l’Église compte 36 docteurs de l’Église dont quatre Français : saint Bernard de Clairvaux, Hilaire de Poitiers, François de Sales, Thérèse de Lisieux. Seul Grégoire de Narek (954 environ-1010 environ), poète et philosophe d’Arménie, a été proclamé par le pape François, en 2015.