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Les abus sexuels dans l’Église, un crime intégral

PRZEMOC SEKSUALNA
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Pierre Vivarès - publié le 02/10/21
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Le rapport de la Ciase sur les abus sexuels dans l’Église annonce des révélations douloureuses. Pour le père Pierre Vivarès, il est normal que l’Église soit la première accusée : « Reconnaître la responsabilité particulière de l’Église est aussi reconnaître que l’Église a une mission prophétique. »

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Mardi 5 octobre, sera remis le rapport de la CIASE, commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. Cette commission, demandée le 7 novembre 2018 par la Conférence des évêques de France avait pour but de « faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique depuis 1950, de comprendre les raisons qui ont favorisé la manière dont ont été traitées ces affaires et de faire des préconisations, notamment en évaluant les mesures prises depuis les années 2000 ». 

Nous attendons ce rapport qui est un travail de vérité, d’honnêteté et de lucidité. Il sera douloureux, forcément, quel que soit le nombre de victimes recensées ; une seule serait déjà trop. Il sera douloureux pour tout le monde, pour la société entière. J’entends déjà des commentaires sur le fait qu’il faudrait aussi aller voir du côté de l’Éducation nationale, du côté des clubs de sport, du côté des autres religions, du côté des familles. Mais faisons attention à ce genre de commentaires. Je ne dis pas que seuls les membres de l’institution ecclésiale, les prêtres en particulier, ont été coupables de ces crimes ; je ne dis pas non plus que seule l’institution Église a pu tenter d’ignorer, cacher ou minimiser ces crimes. Je ne cherche pas à savoir qui a fait le plus de mal, comme si des statistiques pouvaient en quoi que ce soit alléger la faute d’un groupe. Il nous faudra faire face à ces faits et tenter de trouver les moyens pour qu’ils ne se reproduisent plus. 

Nous pouvons aussi réfléchir au fait que l’Église a été mise en accusation la première, de la façon la plus virulente, parfois de manière injuste et violente contre telle ou telle personne et en particulier le cardinal Barbarin. Il est normal que l’Église ait été la première accusée et que les crimes commis en son sein soient plus scandaleux que d’autres commis ailleurs. Car l’on attend bien sûr des prêtres ou éducateurs dans l’Église qu’ils soient fidèles au message évangélique, au respect absolu de chaque personne humaine. Car les personnes et les familles ont été trompées par des personnes d’une institution en laquelle elles avaient mis leur confiance. Mais aussi parce qu’un crime commis par quelqu’un dépositaire du dépôt de la foi brise à la fois le cœur, le corps et l’âme de la personne dans son rapport à Dieu. C’est un crime intégral. Vouloir défendre ou sauver l’Église dans une discussion en disant que ce n’est pas mieux ailleurs (si tant est que cela soit vrai) revient à nier que l’Église a un message et une responsabilité morale supérieurs aux autres. 

Reconnaître cette responsabilité particulière de l’Église est aussi reconnaître que l’Église a une mission prophétique : elle est accusée la première afin que la parole puisse être libérée partout. Cette commission, instaurée à la demande des évêques de France, permettra peut-être la création d’autres commissions pour d’autres institutions qui devront aussi faire la lumière en leur sein. Elle permettra peut-être que d’autres victimes puissent oser dénoncer les crimes qu’elles ont subis. Si l’Église est sainte, ses membres ne le sont pas tous, loin de là, et comme le Christ sans péché porte le poids de la Croix pour les péchés des hommes, l’Église porte le poids des péchés de ses membres et en demande pardon. De nombreux chrétiens dans l’histoire ont vécu cette dimension prophétique en dénonçant les crimes commis dans un groupe ou une société et l’ont souvent payé de leur vie comme martyrs de la foi, de la justice ou de la vérité. Ici, il s’agit d’être prophétique en dénonçant les mécanismes d’une institution qui permet à certains de ses membres d’abuser de leur position envers les plus faibles, parfois en toute impunité et en étant couverts par leur hiérarchie.

Nous accueillerons ce rapport avec gravité et lucidité mais aussi dans l’Espérance parce que nous savons que « celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3, 20-21). Nous avons voulu faire la vérité, nous sommes venus vers la lumière et les œuvres ont été dénoncées. Maintenant nous voulons avancer dans la vérité et faire de l’Église une maison sûre pour tous.

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