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C’est un choix qui reste marginal mais qui semble séduire de plus en plus de femmes en raison des mesures sanitaires exigées actuellement dans les hôpitaux. L’accouchement programmé à domicile en France concerne environ 2.000 femmes chaque année sur 800.000 naissances par an, soit à peine 0,2% des naissances en 2020. Elles y voient la liberté de choisir leur accouchement et d'en être pleinement actrices. Toutefois, les professionnels de la périnatalité recommandent un accouchement dans une structure médicalement sécurisée car les risques d’une telle pratique sont nombreux tant pour l’enfant que pour la mère.
"5% des femmes sont concernées par une hémorragie du post-partum. En accouchant à la maison, elles risquent d’être prises en charge très tard car le transfert prend du temps", alerte ainsi auprès de Aleteia le gynécologue Cyril Huissoud, secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Le streptocoque B qui se retrouve dans la flore vaginale chez au moins 15% des femmes est aussi très dangereux. "Il peut donner lieu à des infections graves chez le bébé lors de l’accouchement, jusqu’à provoquer une encéphalite. Chez la mère après l’accouchement, le germe peut aussi être responsable de nombreuses infections", poursuit le spécialiste qui déplore que lors d’accouchements à domicile "les préventions ne sont pas toujours mises en œuvre". "La Fédération Française des Réseaux de Santé en Périnatalité (FFRSP) conduit un travail en lien avec d’autres sociétés et associations savantes pour encadrer cette activité", indique-t-il, en précisant que "les sages-femmes qui effectuent ces accouchements ne sont pas assurées pour le faire". Afin de bien vivre un accouchement chez soi, une certaine prudence est donc nécessaire.
1Être proche de la maternité et s’y inscrire
"Un accouchement à domicile (AAD) n’est possible que si la patiente est proche d’une maternité", prévient le docteur Cyril Huissoud. Il est d’ailleurs fortement recommandé de s'y inscrire pour qu’en cas d’une situation d’urgence le transfert se fasse le plus rapidement possible. "Cela permet aussi aux femmes d'aller plus en confiance à la maternité si jamais elles décident de changer d'avis à un moment donné. En souhaitant une péridurale en cas de grande fatigue par exemple", explique à Aleteia Éléonore Picq-Doublier, sage-femme libérale.
2Ne pas avoir de contre-indications avant et durant la grossesse
Toutes les femmes ne peuvent pas accoucher à domicile. "Pour pouvoir accéder à l'AAD, il faut être en bonne santé et ne pas avoir de complications durant la grossesse", souligne Eléonore Picq-Doublier. L'ADD est systématiquement refusé en cas de diabète gestationnel, d’hypertension, d’un traitement médical régulier ou de toxémie, d’une pathologie avant la grossesse (épilepsie, malformation cardiaque, etc.). Les éventuels accouchements antérieurs sont aussi pris en compte. "Une femme ayant un utérus cicatriciel ou présentant un obstacle sur la voie de sortie (fibrome) ne peut pas accoucher à domicile. Tout comme s’il y a une indication à la césarienne", note le docteur Cyril Huissoud, qui pratique au CHU de la Croix-Rousse à Lyon. D’autre part, les circonstances de la naissance ne doivent pas présenter de difficultés particulières (position du bébé par le siège ou grossesse gémellaire). Toute pathologie révélée au cours de la grossesse doit être signalée.
3Trouver une sage-femme libérale près de chez soi
Elles ne sont que 85 en France à pratiquer l’AAD. Certains départements sont donc dépourvus de personnel qualifié. Au vu des risques encourus par un tel accouchement mieux vaut s’assurer que la sage-femme ne mettra pas trop de temps à arriver le jour J et qu’elle ait un(e) remplaçant(e) en cas d’indisponibilité.
4Avoir un suivi régulier et penser à la prévention des risques
Tout au long de la grossesse, la femme doit être suivie par une sage-femme ou par un gynécologue. Comme pour un accouchement classique, les échographies et les examens de dépistage (toxoplasmose, rubéole, groupe sanguin, marqueurs sériques, etc.) sont à réaliser. "Il est important de discuter avec la sage-femme de la prévention des infections. Cette sage précaution peut sauver le bébé !", conseille encore le docteur Cyril Huissoud. Et de poursuivre : "À la fin de grossesse un dépistage du streptocoque B doit avoir lieu. Si le résultat est positif, un traitement à base d’antibiotiques devrait être mis en place au moment de l’accouchement. Si la mère n’est pas porteuse de ce germe, un antibiotique doit lui être injecté lorsque la rupture de la poche des eaux date de plus de 12 heures (dans le cas où l’accouchement n’aurait pas encore été déclenché)".
Il faut aussi penser à la potentielle hémorragie du post-partum. Celle-ci peut d’ailleurs survenir sans qu'aucun facteur de risque ne soit clairement retrouvé. L’administration préventive d’ocytocine est donc fortement recommandée, une fois que le bébé est né. "Lors de l’accouchement, il faut aussi avoir au moins une surveillance intermittente des battements cardiaques du bébé", conseille Cyril Huissoud.
5Rendre le logement accessible aux secours
Généralement la sage-femme apporte avec elle tout le matériel technique et médical (monitoring, instruments de réanimation et produits de perfusion...). "Les parents ont juste à se soucier que le lieu soit confortable pour eux et bien chauffé pour accueillir le bébé. Certains prévoient une piscine d'accouchement pour faciliter le travail et soulager la douleur", note Eléonore Picq-Doublier. Un plastique ou un linge imperméabilisé sont à prévoir pour protéger le lit, ainsi que les serviettes, les bassines et autres compresses. Mais surtout, "le logement doit être accessible à des secours si nécessaire", prévient Éléonore Picq-Doublier.