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Le suicide assisté est-il une preuve d’amour ? François Ozon le pense et son film, sorti en salle ce mercredi 22 septembre, vise à poser cette question et surtout à en suggérer la réponse. Le grand retour à l’écran de Sophie Marceau, l’une des actrices préférées des Français, sert de « suppositoire idéologique » à cette intention militante. Tout s'est bien passé se présente comme une ode à la vie, alors qu’il s’agit d’en précipiter le terme, ce que la loi interdit. Mais pour combien de temps ?
Le film est l’adaptation autobiographique du livre d’Emmanuèle Bernheim, paru chez Gallimard en 2013. Pour Ozon, ce projet revêt un caractère particulier : Emmanuèle Bernheim était un personnage réel, une proche, romancière et scénariste, qui avait collaboré avec lui sur plusieurs de ses films, dont Swimming Pool et Sous le Sable. Elle mourut à 61 ans d'un cancer du poumon avant d’avoir pu raconter son histoire au cinéma. Tout s’est bien passé a le goût d’une œuvre posthume, écrite à quatre mains. Le père d’Emmanuèle, André Bernheim, était un riche et célèbre collectionneur d’art. Victime d'un accident vasculaire cérébral, il mourut à 89 ans en 2009. Le visage déformé (deux heures de maquillage chaque matin), sa chevelure argentée rasée de près, Dussollier, du haut de ses 75 ans, se fond dans les traits de ce père têtu, égoïste, voire cruel, qui a abandonné son épouse atteinte de Parkinson (Charlotte Rampling dans le film). Cloué dans un lit d'hôpital, mais avec toute sa tête, il va demander à sa fille (Sophie Marceau) de l'aider à mourir.
Pourquoi une telle supplique ? « Il veut mourir parce qu’il aime la vie », dit François Ozon, et « il ne veut pas que la maladie décide de sa mort », ajoute Sophie Marceau. Toute l’œuvre se niche dans cette ambiguïté : je te tue parce que je t’aime et que tu le désires. Finalement, Emmanuèle Bernheim et sa sœur (incarnée par Géraldine Pailhas) vont organiser le suicide assisté, le meurtre du père pourrait-on dire, via une association suisse.
Invité avec Sophie Marceau sur le plateau de Yann Barthès, François Ozon estime que « 80 % des gens sont pour la mort dans la dignité » mais que « le problème, c’est qu’il y a des lobbies, notamment religieux, qui bloquent les choses », ajoutant sur un ton désolé qu’« on est encore dans un pays catholique ».
Nul ne l’a repris. Or, qu’est-ce que « mourir dans la dignité » ? Quel sens « les gens » donnent-ils à ce mot ? S’agit-il d’abréger les souffrances physiques ou d’exercer une toute-puissance démiurgique d’ordre métaphysique, son Ultime Liberté, comme le disent les partisans de l’euthanasie ? Après avoir maîtrisé le début de la vie par la contraception et l’avortement, toute une génération, très nombreuse, celle des baby-boomers veut faire la même chose avec la mort — qu’elle voit se rapprocher à grand pas et avec angoisse car elle ne croit plus en Dieu, n’a jamais vécu de guerre et n’a fait que consommer.
Quelle place les personnes fragiles et dépendantes auront-elles dans ce nouveau système et quelle évolution fera-t-il prendre à la médecine ?
François Ozon le dit : l’euthanasie sera pour le prochain quinquennat sauf « si c’est Zemmour, ça ne passera pas » (sic). Recalée au printemps par l’obstruction de quelques parlementaires LR, la loi Falorni (du nom d’Olivier Falorni, député PRG, ex-PS, Ndlr) « donnant le droit à une fin de vie libre et choisie » sera à la prochaine mandature ce que le mariage gay fut sous François Hollande et la PMA sous Emmanuel Macron. Ozon en est convaincu et il a raison de l’être car l’article 1er créant « le droit à l’assistance médicalisée active à mourir » a été adopté à une très large majorité.
Quelle place les personnes fragiles et dépendantes auront-elles dans ce nouveau système et quelle évolution fera-t-il prendre à la médecine ? Ni François Ozon ni Sophie Marceau n’abordent ce point qui nous concerne tous. Quant au « lobby religieux », l’expression vise à ramener l’Église et son milliard d’âmes à un groupe de pression arc-bouté sur des superstitions. Ozon reconnaît qu’il a reçu « une éducation catholique » mais on se demande où elle est passée. D’ailleurs, faut-il être catholique pour comprendre que les interdits fondamentaux nous structurent et nous civilisent et que sans limite, la liberté disparaît ? « Demander à sa fille de l'aider à mourir, c'est de l'amour ou de la perversité ? » Emmanuèle Bernheim elle-même se voit ainsi questionnée par son époux.