Serties de diamants, ornées de perles et d'inestimables pierres précieuses… Les grands joailliers que sont Boucheron, Chaumet ou Mellerio sont à l'origine de splendides créations destinées à couronner la Vierge Marie. Aleteia en a recensé huit en France.
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En France, la Vierge Marie dispose de plusieurs somptueuses couronnes créées par les plus grands joailliers. Elles ne sont pas seulement des sublimes œuvres imaginées pour une reine tout à fait à part, elles incarnent également l'élan spirituel des Français, comme l’explique Jean-Jacques Richard, ancien bijoutier qui apporte à travers son blog un regard passionné sur l’histoire de la joaillerie, avec une recherche particulièrement documentée. Découvrez les huit couronnes de la Vierge Marie en France.
1La Couronne de Notre Dame de Paris
Sublime, en or et en argent, la couronne de Notre Dame de Paris réalisée par la fameuse maison Boucheron est fermée en haut et surmontée d’un globe en lapis-lazuli. Une ronde d’anges agenouillés orne sa base et leurs ailes en émail bleu ferment le haut de la couronne. Séparés par un motif en perles, leurs ailes sont bordées de diamants. Une création sublime du célèbre joaillier qui symbolise la consécration de la France à la Vierge Marie.
En 1814, le roi Louis XVIII décide de rétablir le « Vœu de Louis XIII ». C'est un acte solennel de consécration de la France à la Vierge, qui avait été signé et publié par le roi Louis XIII le 10 février 1638. en le réédifiant, Louis XVIII promet d’offrir aux fidèles une statue de la Vierge en argent. Et c’est son successeur, Charles X, qui remettra finalement l’œuvre réalisée par l’orfèvre Jean-Baptiste Odiot à la cathédrale de Paris le 15 août 1826. Plus d’un siècle plus tard, en 1929, une généreuse donatrice lui offre une couronne fabriquée par Boucheron, le célèbre joaillier de la place Vendôme. Restaurée en 2016, elle est heureusement sauvée par les pompiers lors de l’incendie de la cathédrale en 2019. Comme les autres pièces du Trésor, la couronne est mise dans des réserves, le temps de regagner la cathédrale au moment de sa réouverture. Avant l'incendie, elle a notamment été sortie le 15 août 2019 lors de la procession autour de la cathédrale en la fête de l’Assomption.
Majestueuse, elle est l’œuvre de la maison Mellerio, le célèbre joaillier de parures des reines, mais aussi le plus grand fournisseur de couronnes... religieuses. Et c’est ainsi qu’il décrira la couronne de la Vierge de Lourdes, une fois terminée : « Du bord supérieur du bandeau et alternant avec les églantines, s’élèvent vers le ciel douze tiges de lis d’or avec leurs feuilles lancéolées, deux boutons non encore éclos, et au sommet une fleur épanouie dont les étamines sont terminées par un petit diamant qui rappelle les gouttes de rosée suspendues aux fleurs naturelles. Ces tiges, d’un admirable travail, constituent les fleurons d’une première auréole de la couronne », peut-on lire dans les archives de la maison.
Le 1er février 1876, dix-huit ans après les apparitions de Marie à Bernadette, le pape Pie IX ordonne le couronnement de la statue de Notre Dame de Lourdes. La cérémonie doit avoir lieu quelques mois plus tard, le 3 juillet de la même année. En discutant avec le père Sempé, recteur du sanctuaire, des symboles du message de Lourdes - Immaculée Conception - le joaillier imagine alors les fleurs de lys, les roses et les étoiles. Le tout en or et diamants. Tous les deux font appel alors à la générosité des Français en publiant une annonce. L’élan des fidèles dépasse toute attente : le joaillier aura un tel choix de pierres, qu’il se servira du reste pour fabriquer d'autres objets liturgiques. La couronne est visible à des occasions exceptionnelles comme lors de la visite du pape Benoît XVI en 2007 au sanctuaire de Lourdes.
3La couronne de Notre Dame de Brébières
Inspirée par le style byzantin, cette somptueuse couronne réalisée par la maison Mellerio n’est pas en forme de couronne, mais de diadème. Sur sa partie basse court une guirlande de marguerites, de bleuets et de violettes. En haut, s'entrelacent des boutons de lys et de marguerites, couverts de diamants. L'ensemble est surmonté d'un lys central en diamants.
Dans les archives de la maison Mellerio à la date de 1901, on voit la commande passée par l’abbé Godin, curé-doyen de Notre-Dame d’Albert (Picardie), un haut lieu du culte marial. Le diadème servira pour le couronnement solennel de la statue de la Vierge miraculeuse d’Albert. Il sera célébré par le légat du Saint-Siège le 19 juin 1901. Dans la seconde moitié du IXème siècle et selon la tradition, un berger se serait aperçu qu'une brebis broutait toujours la même touffe d'herbe. Il aurait frappé alors l'endroit avec sa houlette et entendu une voix lui dire : "Arrête, berger, tu me blesses !" Creusant la terre, il aurait découvert alors une statue portant sur le front la marque du coup donné : celle de la Vierge tenant l'Enfant Jésus avec à ses pieds une brebis. D'où le nom de Notre Dame de Brebières. La couronne est "visible" pour les fidèles lors des grandes fêtes et cérémonies.
Royale, en or et sertie de diamants, la couronne de la Vierge des Dunes est très originale : le bandeau est formé des proues de huit navires navigant sur la mer ; leurs voiles gonflées forment les côtes de la couronne et se rejoignent dans une nuée surmontée. Si elle n’est pas tellement munie des symboles classiques mariaux c’est parce qu’elle fait partie d’un ensemble comprenant, pour la Vierge, une couronne, un sceptre, un pendentif, et pour l'Enfant Jésus, une petite couronne. C’est le pendentif qui sera orné de monogramme AM (Ave Maria) en or, platine, saphir et diamants tandis que le sceptre aura une tête en forme de fleur de lys.
L’ensemble est commandé par le chapelain en 1903 à l’occasion du couronnement canonique de la statue de la Vierge qui aura lieu dans la chapelle Notre-Dame-des-Dunes à Dunkerque (Hauts-de-France). Il est réalisé grâce à un élan de générosité sans précédent des Dunkerquois qui offrent alors près de 400 bijoux. Et c’est avec toutes ces pierres et métaux précieux que la maison Mellerio crée l’ensemble pour le couronnement. La couronne est de sortie pour les grandes fêtes et cérémonies.
5La couronne de Notre Dame des Victoires
Pour son couronnement le 9 juillet 1853, et désireux de manifester sa dévotion envers Notre Dame des Victoires, le pape Pie IX lui envoie deux magnifiques couronnes d’or. Elles sont ornées de diamants et de pierres précieuses : l’une pour la Vierge et l’autre pour l’Enfant-Jésus. Mais lors de la dévastation de l’église en 1871, les deux sont volées. Cinq ans plus tard, une souscription est ouverte afin de les remplacer. La réaction est enthousiaste : le nombre de pierres apportées par les fidèles dépasse les attentes. Les nouvelles couronnes sont prêtes le 22 octobre, le jour de la fête de Notre Dame des Victoires. Le soir même, c’est le nonce du Saint-Siège qui les bénit. Notre Dame des Victoires est la première Vierge couronnée en France. Aujourd'hui, on peut l'admirer à l'occasion des grandes fêtes et cérémonies.
6La couronne de Notre Dame des Miracles et des Vertus
Avec au centre les armoiries de la ville de Rennes, cette couronne est en or et platine avec des perles et d’autres pierres précieuses. C'est en 1908 que l'abbé Thevin, curé de l’église Saint-Sauveur à Rennes, demande à la maison Mellerio de créer une couronne pour la statue de la Vierge des Miracles et des Vertus. Installée en 1876, elle vient remplacer la statue d’origine vénérée depuis le XIVème siècle et détruite durant la Révolution. L'archevêque de Rennes obtient pour elle le couronnement, prévu le 25 mars 1908. Le chanoine Louis Raison, décrit ainsi la Vierge couronnée : "La Vierge est assise « en majesté ». Ses épaules sont recouvertes d’un manteau couleur d’azur et sa tête d’un voile blanc, surmonté d’un diadème aux élégants fleurons, orné de pierres précieuses". On peut l'admirer lors des grandes fêtes et cérémonies.
7La couronne de Notre Dame de Grâce
Impressionnante par sa finesse, cette couronne avec une étoile en diamants, une branche de fleurs de roses et ses épines qui rappellent la Passion du Christ, est encore une oeuvre de Mellerio. Au centre du bandeau de la couronne se trouvent les armoiries du pape Pie X. C’est lui qui a donné son accord pour le couronnement de Notre Dame de Grâce à Honfleur (Calvados), le 19 juin 1913. À noter l'inscription "Ave Maria gratia plena" tout du long, enlacée du cordon de saint François en mémoire des franciscains qui ont construit la chapelle complètent la création.
8La couronne de Notre Dame de Montligeon
202 diamants, 22 roses diamants, 321 rubis, 24 grenats, 216 topazes, 24 tourmaline vertes 6 améthystes et 7 olivines… la couronne de Notre Dame de Montligeon, hélas, volée en juillet 2017, est une pièce de joaillerie spectaculaire. A commencer par le monogramme de la Vierge « A M » en diamants, bordés de rubis, puis onze lys avec des pétales sculptées, douze triangles portant chacun sur fond de topazes, une lettre d’or dont l’ensemble compose les mots « Gratia plena »… Une création de la maison Chaumet qui cache une belle histoire.
En 1878 l'abbé Paul Buguet est nommé curé de la chapelle Montligeon, dans le Perche. Il souhaite faire célébrer des messes pour les défunts sous le patronage de Marie, "libératrice des âmes du purgatoire". Pendant des années, le père Buguet parcourt le monde entier pour faire connaître son œuvre. De 1896 à 1911 il poursuit la construction de l'imposante basilique pour laquelle, en 1919, il commande une statue de la Vierge Marie monumentale : elle mesure 4 mètres de haut. En 1933, Chaumet, la célèbre maison de joaillerie, reçoit la commande de réaliser deux couronnes, l’une pour la Vierge, l’autre pour l’Enfant-Jésus. La création est prête juste pour le couronnement solennel qui a eu lieu le 19 septembre 1935.