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"Avec le recul, on peut dire que le 11 septembre n’a pas seulement changé l’histoire géopolitique du monde, mais aussi le devenir de l’Église catholique". Dans son ouvrage de référence L’Élection du pape François, le vaticaniste Gerard O’Connell a mis en évidence la façon dont les attaques terroristes qui ont frappé les États-Unis ont indirectement "propulsé le cardinal archevêque de Buenos Aires sur les écrans radars de ses pairs du Sacré Collège".
Pour comprendre cette étonnante relation, il faut revenir à cette fin d’été 2001. Dans les agendas de quelque 250 prélats du monde entier se trouve inscrit un rendez-vous important : un synode que le pape Jean Paul II a choisi de réunir à Rome sur le thème de "l’évêque, serviteur de l’Évangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde".
Ce grand rassemblement doit se dérouler du 30 septembre au 27 octobre 2001. C’est le cardinal Edward Egan, archevêque de New York depuis un an, qui est nommé rapporteur général. Un poste difficile, aussi stratégique qu’exposé, car la tâche du rapporteur consiste notamment à piloter la préparation du Document final du synode. Durant le déroulement des réunions, il est aussi amené à intervenir pour éclaircir certains points si le besoin s’en fait ressentir.
Pour abattre ce travail colossal, le haut prélat américain est épaulé par un rapporteur général adjoint. C’est le jeune cardinal Bergoglio qui est choisi pour le seconder, six mois seulement après avoir reçu à 64 ans sa barrette cardinalice des mains de Jean Paul II.
Mais les attaques du 11 septembre vont changer la donne. La ville de New York est encore sous le choc lorsque le synode s’ouvre à Rome, un peu moins de trois semaines après l’effondrement des tours jumelles.
Certes, le cardinal Egan vient introduire les débats lors d’une allocution le 1er octobre. Mais il doit rejoindre New-York trois jours plus tard. Impossible, compte-tenu de la situation de son pays qui s’apprête à bombarder l’Afghanistan, de mener en parallèle le chantier du synode. Avec l’accord du Pape, il laisse son poste au cardinal Bergoglio qui le remplace au pied levé.
"Il s’en est acquitté si brillamment que, de manière tout à fait imprévue, de nombreux cardinaux ont soudain vu en lui un successeur plausible à un Jean Paul II maintenant âgé et gravement malade", rapporte Gerard O’Connell dans son enquête.
D’ailleurs, au terme d’un vote des évêques devant élire un conseil de douze membres chargé de recueillir les conclusions générales, le cardinal argentin obtient le plus de voix, "en raison de la qualité exceptionnelle de sa contribution", indique encore le journaliste américain.
Par pitié, à la Curie je serais bientôt mort.
Dans un article de 2002, le vaticaniste Sandro Magister avait bien noté que le cardinal Bergoglio avait crevé l’écran lors de ce synode. S’il y avait un conclave, écrivait-il alors, "il serait très difficile pour lui de refuser l’élection comme Pape. Car c’est pour lui que les cardinaux voteraient en avalanche". Le cardinal Ratzinger aurait été enclin à pencher pour lui, s’avançait même le journaliste.
Toujours dans ce vieux portrait de l’archevêque argentin, Sandro Magister racontait qu’après le synode de 2001, certains au Vatican avaient voulu le faire venir à Rome pour diriger un organe important de la Curie. "Par pitié, à la Curie je serais bientôt mort", aurait alors répondu l’archevêque de Buenos Aires.
La prophétie de Sandro Magister se réalisera… Mais finalement pas au moment attendu. Au conclave de 2005, c’est le cardinal Joseph Raztinger qui est élu Pape au quatrième scrutin, devant le cardinal Bergoglio. À l'époque, des fuites mirent en évidence le nombre important de voix recueillies par l’Argentin.
C’est finalement en 2013, alors que beaucoup considéraient le haut prélat de 76 ans trop âgé pour monter sur le trône de Pierre, que le collège cardinalice lui confiera la barque de Saint-Pierre.