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Le mot grec "apokalypsis" signifie "révélation". Révélation de la victoire certaine de Dieu sur Satan. "Une apocalypse est une œuvre littéraire qui traite de la fin de l’histoire humaine. Pendant des millénaires, des apocalypses de toutes sortes ont émergé à travers le monde dans la vie culturelle de nombreux peuples et religions. Ces poèmes, épopées, récits fantastiques, mythes et œuvres prophétiques portent un témoignage commun à la condition passagère de l’homme sur terre." L’Apocalypse de saint Jean est une apocalypse d’un ordre très supérieur dans lequel il ne faut pas voir la simple reprise de mythes préexistants. "C’est une authentique prophétie dans le sens où ce n’est pas seulement une œuvre de prédiction, mais une communication du Seigneur de l’histoire Lui-même."
Ce récit fascinant, grandiose, plein de fracas nous enseigne que, jusqu’au bout, sur terre, le Bien et le Mal ne cesseront de s’affronter.
Ce texte paraît bien mystérieux, obscur et déroutant. Il met en scène la lutte entre le Bien et le Mal, avec un langage que nous ne comprenons plus car nous avons perdu l’habitude de méditer les textes de l’Ancien Testament auxquels l’Apocalypse emprunte de nombreuses références. Le message de l’Apocalypse est sans concession. Il invite les hommes à réveiller leur conscience, à ne pas se compromettre avec Satan, à prendre hardiment le parti du Christ. Le diable prend les apparences de la bête. Babylone représente la cité corrompue et corruptrice, la Rome païenne mais aussi plus largement l’humanité pécheresse. Dieu déverse sur elle sa colère. Ce récit fascinant, grandiose, plein de fracas nous enseigne que, jusqu’au bout, sur terre, le Bien et le Mal ne cesseront de s’affronter, réduisant ainsi à néant le mythe du progrès auquel notre époque moderne est si attachée. L’Apocalypse est pourtant, par-dessus tout, un message d’espérance, celui de la souveraineté du Christ sur tous les événements de la vie du monde et de sa victoire finale sur le démon et ses suppôts.
Dans l’Apocalypse, le vin a perdu ses effets bienfaisants. Il est un instrument de perdition.
"Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande, elle qui abreuvait toutes les nations du vin de la fureur de sa prostitution." (Ap 14 8) Ce vin frelaté, c’est celui de l’idolâtrie et de tous les vices d’un empire décadent : fausses doctrines, faux enseignements, pratiques impures. Il y a autant de différence entre le vrai vin, source de joie et ce vin empoisonné, porteur de la mort, qu’entre l’amour véritable et la prostitution. Ce verset renvoie à l’ivresse malsaine des cultes idolâtriques rapportée par le prophète Jérémie (Jr 51 7) :
Babel, Babylone, même combat, celui de l’orgueil humain et du rejet de Dieu !
À la fureur de Babylone répond celle de Dieu. Il est le créateur de l’univers et il attend de ses créatures un minimum de respect comme le fils honore son père, ou le disciple son maître. On ne défie pas Dieu impunément. Par la voix de l’ange, Il met en garde les adorateurs de Satan en leur signifiant leur châtiment. Il s’agit d’un avertissement qui sonne comme un appel à la conversion. L’image de la coupe de la colère de Dieu n’est pas nouvelle. On la retrouve dans le livre de Jérémie : "Prends dans ma main cette coupe du vin de ma colère et fais la boire à toutes les nations vers lesquelles je t’enverrai. Elles en boiront, elles chancelleront, elles seront prises de folie devant l’épée que j’enverrai au milieu d’elles." Ce vin est appelé "vin de la colère de Dieu" pour le distinguer du vin de la coupe de Bénédiction qui réjouit le cœur et ne trouble pas les sens.
Ce vin était systématiquement additionné d’eau pour tempérer son ardeur. Le deuxième livre des Machabées dans son épilogue insiste sur ce point : "…il ne vaut rien de boire seulement du vin ou seulement de l’eau, tandis que le vin mêlé à l’eau est bon et produit une agréable jouissance." Ce conseil fait bondir le dégustateur moderne mais n’oublions pas que le vin sous l’Antiquité ne se boit jamais pur tant il est lourd et chargé. C’est la raison pour laquelle, le vin de la fureur de Dieu est un vin pur que ne vient adoucir aucune goutte d’eau. Il est beaucoup trop fort et puissant pour être supporté par l’homme défaillant. Il produit les effets destructeurs du feu et du soufre, attributs de l’enfer.
La vendange opérée par l’ange est l’image du jugement de Dieu. Le pressoir est l’instrument de sa justice. On trouvait déjà cette image dans le livre d’Isaïe, à propos du châtiment d’Edom, peuple ennemi d’Israël (Is 63 2-4):
Dans l’Antiquité, nous l’avons vu, on plaçait les raisins dans de grandes cuves en pierre. Des hommes foulaient, pendant de longues heures, les grappes pour en extraire le jus qui s’écoulait dans une autre cuve pour être vinifié. Ici, ce sont des êtres humains qui sont moissonnés, jetés dans la cuve de la fureur de Dieu et broyés. Leur sang se répand sur 1600 stades soit 300 km (un stade vaut 185,25 m). Ce chiffre est symbolique, il veut signifier le grand nombre de damnés jetés dans la cuve pour l’Éternité. Il faut avoir contemplé le bouillonnement spectaculaire du moût qui fermente dans une cuve, pour comprendre l’image dont se sert ici l’auteur de l’Apocalypse. La fermentation dégage du gaz carbonique. Celui qui se penche imprudemment au-dessus de la cuve perd conscience, y bascule et s’y noie.
Le chapitre XIV de l’Apocalypse est l’un des plus terrifiants. Dieu est un bon pédagogue. Il veut nous faire comprendre que le mépris de sa grâce nous laisse seuls face aux conséquences de nos actes. Il n’appartient qu’à nous de revenir à Lui pour obtenir le salut. La rédemption du pécheur est possible depuis que, par amour des hommes, le Christ s’est offert en victime expiatoire en prenant notre place dans le pressoir de la colère de Dieu. Cela nous amène à considérer l’image étonnante du pressoir mystique.