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Saint Paul est le premier grand penseur du christianisme. Cet homme doté d’une âme exceptionnelle et d’une énergie inépuisable a compris mieux que quiconque le message du Christ qui est celui de la Charité et de la toute-puissance de l’Amour. Dans ses épîtres, l’apôtre Paul parle à dix-neuf reprises du vin pour en dénoncer le plus souvent les effets : (Ga 5 17) : "Les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair." Parmi les œuvres de la chair que saint Paul réprouve, il y a l’ivrognerie. Les ivrognes comme les débauchés et les idolâtres ne posséderont pas le Royaume de Dieu. Saint Paul oppose à ces vices, les vertus contraires, dont la tempérance.
Le Christ a assumé la chair pour la guérir et c’est dans sa chair que s’inscrit sa Passion.
Il ne faut pas se méprendre sur le sens de ces paroles qui semblent considérer la chair comme un obstacle dont il faudrait s’affranchir. Le christianisme a toujours combattu cette idée à l’origine des hérésies manichéenne et cathare. La chair n’est pas mauvaise en soi. La religion chrétienne est d’ailleurs une religion incarnée. Le Christ a assumé la chair pour la guérir et c’est dans sa chair que s’inscrit sa Passion. "La vie chrétienne loin de recommander, à la manière de certaines philosophies, une évasion, une libération de la chair, en fait le lieu par excellence où s’accomplit la foi."
Quand l’apôtre Paul oppose chair et esprit, il pense à une vie selon la chair seule, qui mène au péché et à une vie selon l’esprit qui n’exclut pas la chair mais la subordonne. Il ne faut donc pas voir dans l’enseignement de Saint Paul, une négation de la chair mais au contraire, la nécessité de la sanctifier, de rendre ses actes conformes au plan de Dieu en la soumettant à l’esprit, lui-même éclairé par l’Esprit-Saint. C’est l’usage que l’on fait de la chair qui est bon ou mauvais. C’est la raison pour laquelle, il n’y a pas d’interdit alimentaire dans la religion chrétienne. Toute nourriture est bonne à condition d’être consommée sans excès. Ainsi en est-il du vin. "La sobriété, nous dit saint Thomas d’Aquin, n’est pas abstinence, c’est la mesure de cette boisson délicieuse". Saint Paul, moins épicurien et plus pratique, donne ce conseil à Timothée (1 Tm 5 23) : "Cesse de ne boire que de l’eau, mais prends un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes fréquents malaises."
Saint Paul n’innove pas, il ne fait que reprendre, en insistant, une morale qui se retrouve chez de nombreux auteurs sacrés dans l’Ancien Testament. Il condamne les dégradantes servitudes de l’ivresse, pas le vin (Ep 5 18) : "Ne vous enivrez pas de vin, car il porte à l’inconduite ; soyez plutôt remplis de l’Esprit Saint." Saint Benoît adoptera cette règle. Le moine est l’homme de la juste mesure qui est la seule façon d’apprécier le bon vin.