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Depuis la nativité de Marie, une chaîne de témoins ininterrompue

TRANSMISSION
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Jean-Thomas de Beauregard, op - publié le 07/09/21
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La fête de la nativité de la Vierge Marie nous donne à contempler ce prodige par lequel Dieu façonne un peuple, à travers la succession des générations, pour que ce peuple devienne capable d’accueillir le Sauveur et de transmettre le don de la foi.

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L’influence réciproque de la dévotion populaire et du dogme a façonné le regard chrétien sur la Vierge Marie, la dévotion populaire suscitant tel approfondissement régulé par le dogme, ou bien parfois aussi l’inverse. La fête liturgique de la nativité de la Vierge Marie pourrait être taxée de mariolâtrie, puisqu’il semble que l’Église extrapole à partir de matériaux scripturaires inexistants. Pourquoi exalter ainsi la naissance de la Vierge Marie, alors même que l’Écriture reste discrète à cet égard ?

D’abord parce que la Vierge Marie elle-même a prophétisé qu’on la louerait au long des siècles. Dans le Magnificat, la Vierge Marie prophétise que toutes les générations la diront bienheureuse. Cette prophétie concernait l’avenir, et s’est réalisée au cours de l’histoire de l’Église, avec le développement de la dévotion mariale et du dogme marial. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui la liturgie nous invite à célébrer la nativité de Marie alors même que les Évangiles canoniques ne nous en disent rien. Mais l’Évangile proclamé en ce jour du 8 septembre, en nous faisant méditer la généalogie de Jésus, nous invite à regarder autant dans le passé que dans l’avenir, pour voir comment les générations qui précédaient Marie et Jésus étaient toutes orientées et finalisées par Marie et par Jésus. Ce sont les générations passées aussi qui, mystérieusement, annonçaient de Marie qu’elle serait bienheureuse. Et c’est cela que la fête de la nativité de la Vierge Marie nous invite à méditer.

On ne connaît rien de la généalogie de Jésus du côté de Marie ; or Jésus lui doit tout son patrimoine génétique.

C’est d’ailleurs paradoxal : on connaît la généalogie de Jésus du côté de Joseph, à qui Jésus ne doit strictement rien au plan génétique. En revanche, on ne connaît rien de la généalogie de Jésus du côté de Marie ; or Jésus lui doit tout son patrimoine génétique. On ne peut même pas en inférer qu’en retraçant l’Alliance, d’Abraham à Joseph, plutôt qu’en nous présentant la généalogie de Jésus par sa mère, l’Évangile inciterait à privilégier le patrimoine surnaturel au détriment du patrimoine naturel : l’éclosion d’une fleur aussi pure que Marie a dû être précédée d’une longue préparation depuis plusieurs générations où la grâce était communiquée à pleins torrents, au moins autant sinon plus que du côté de Joseph.

En réalité, ce qui importe est de contempler ici une histoire sainte, où la Parole de Dieu, où le don de la foi, sont transmis et communiqués de générations en générations. Avec la nativité de la Vierge Marie nous est donné à contempler ce prodige par lequel Dieu façonne un peuple, une famille, à travers l’histoire et la succession des générations, malgré les infidélités, pour que ce peuple, cette famille, deviennent capables d’accueillir un jour le Sauveur. À certaines générations, la transmission aurait pu s’interrompre : les problèmes récurrents de stérilité, les retours plus ou moins avoués au paganisme, le péché sous toutes ses formes, etc. Mais à chaque fois, la Parole de Dieu a su se frayer un chemin et trouver un cœur pour l’accueillir, jusqu’à ce qu’Il trouve en Marie une demeure parfaitement digne ou s’établir.

Sur la base d’un simple calcul mathématique, en postulant une durée de vie moyenne de 55 ans de chacun des maillons de la chaîne, il n’y a que 37 personnes, 37 témoins entre le Christ et chacun d’entre nous.

Et depuis l’Incarnation, cela continue. La chaîne des témoins qui part du Christ et des apôtres se poursuit jusqu’à nous. J’aime à me représenter cette chaîne de témoins. Sur la base d’un simple calcul mathématique, en postulant une durée de vie moyenne de 55 ans de chacun des maillons de la chaîne, il n’y a que 37 personnes, 37 témoins entre le Christ et chacun d’entre nous. C’est finalement très peu : si on plaçait ces 37 témoins en file indienne depuis l’autel de la moindre chapelle de campagne jusqu’à la porte d’entrée, ils tiendraient tous et nous avec eux sans déborder dehors.

Le Christ et la Vierge Marie nous sont ainsi beaucoup plus proches qu’on ne pourrait l’imaginer, par la grâce évidemment, mais aussi quant à la chaîne de témoins qui nous relie à eux. Et pourtant, à chaque génération, si Dieu n’y avait pas pourvu, et s’il n’avait pas trouvé des hommes et des femmes pour collaborer à son projet de grâce, cela aurait pu se perdre.

Prions donc en cette fête de la Nativité de la Vierge Marie pour que la foi soit transmise, au sein des familles et dans le monde entier. Les parents et les grands-parents savent combien la transmission de la foi relève du pari autant que du mystère. La même éducation religieuse produit des fruits différents selon les enfants, au gré des personnalités, des amitiés, des événements, des influences extérieures. Le malheur et la beauté de la chose, c’est qu’il n’y a pas de recette infaillible en matière de transmission de la foi. Mais la mission de chacun est de tout faire pour que le flambeau soit transmis, afin que non seulement toutes les générations disent de Marie qu’elle est bienheureuse, mais que toutes les générations soient bienheureuses parce qu’elles connaissent, aiment et vivent du Seigneur Jésus, à la suite de Marie.

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