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Alors que le « politiquement correct » entend déjà interdire à tous l’expression dans l’espace public de certaines convictions intimes, l’envahissement des mesures coercitives décrétées pour enrayer la pandémie accroît le glissement vers la culture du mensonge. Que se passe-t-il en effet quand nos vies sont saturées de normes ? Normes sanitaires et morales : mots interdits, visites interdites, activités interdites, déplacements contraints... Tout naturellement, l’emprise que l’État prétend étendre sur le citoyen, avec une accélération foudroyante depuis dix-huit mois, déclenche un processus d’évitement, plus ou moins intense selon les tranches d’âge et les mentalités, mais de plus en plus généralisé.
Lors des confinements, quelques-uns ont « forcé » les portes des EPHAD ou des hôpitaux ; la plupart se sont soumis aux règles, mais certains le regrettent amèrement. Le remplissage des formulaires ubuesques permettant de sortir de chez soi quand c’était interdit ne pouvait que rompre avec le réel. Les pouvoirs publics n’avaient-ils pas donné l’exemple, en abusant de paroles insincères ? Nous l’avons tous constaté : le discours gouvernemental, même solennel et publié, peut s’avérer aussi liquide (éphémère et incertain), qu’était autrefois solide (définitive et sécurisante), la tape d’un maquignon, une fois l’affaire conclue, sans contrat, ni écrit.
Précédent délétère ! Désormais, c’est au tour du passe sanitaire, voire des vaccins d’induire le mensonge : on se passe (sic) codes et attestations, comme si tromper les pouvoirs publics et les autres citoyens était anodin. À l’arrivée, l’injustice est criante. Les uns obéissent encore avec docilité, se contraignent, quand d’autres se débrouillent, grugent, falsifient. Hélas, le mensonge est un virus contagieux : bien des sincères — qu’on dira naïfs — sombrent à leur tour, dans le mensonge systématique. Désormais combattues, transgressées ou contournées, les règles deviennent lettre morte. Or, de la culture du mensonge à la malhonnêteté généralisée, il n’y a qu’un pas. Et la confiance, indispensable à la vie économique et sociale, s’éteint.
Mais que faire ? Respecter la règle officielle, intrusive, changeante, contradictoire, injuste, voire ridicule ? Suivre la doctrine, en réalité douteuse et incertaine, de quelque gourou-rebelle ? Sinon faire semblant de respecter la règle, et s’arranger au fil de ses humeurs voire de son intérêt individualiste ? Dans tous les cas, le mensonge gagne l’espace public. Et l’expédient voire l’absurde est vite atteint, à l’image de cette personne qu’on a vu ramasser au sol un masque usagé pour accéder à un magasin !
En famille restreinte ou à quelques-uns seulement, l’on peut encore espérer s’avouer ce que l’on pense...
Du temps de l’URSS, on s’entendait répondre à une requête par la formule : « En principe, non ; en pratique, oui ! » Il y avait deux mondes. Le monde officiel, vitrine virtuelle du régime soviétique, apparence trompeuse, masque dissimulateur, en lequel personne ne croyait plus. Et le monde réel. Chacun jonglait selon sa débrouillardise, ses relations, le degré de risque qu’il était prêt à prendre. C’est finalement « dans la cuisine », selon l’expression russe, qu’on se disait les choses : dernier espace privé, refuge de confiance et de liberté.
Nous y sommes. En famille restreinte ou à quelques-uns seulement, l’on peut encore espérer s’avouer ce que l’on pense — et même ses désaccords — résister ensemble à la culture du mensonge, et faire l’expérience de la liberté. C’est finalement une chance : car, si le poisson pourrit par la tête, c’est par ses « cellule de base » et ses « réseaux de communion » que toute société se régénère. À nous de déjouer le piège de la culture du mensonge, en prenant soin d’oasis de « vie dans la vérité », où la dissimulation n’aura pas le dernier mot.