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Son nom est personne : le mystérieux martyre de saint Adaucte

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Anne Bernet - publié le 29/08/21 - mis à jour le 07/08/23
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Fêté le 30 août, saint Adaucte fait partie de ces anonymes qui s’offraient volontairement en sacrifice pour partager le martyre des premiers chrétiens.

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Dans les catacombes romaines, l’on relève parfois cette inscription lapidaire : « Celui-là, celle-là, Dieu sait son nom. » Il s’agit de la sépulture d’un chrétien ou d’une chrétienne, tué en haine de la foi lors d'une vague de persécutions, dont la communauté est parvenue à racheter la dépouille pour l’ensevelir convenablement.

En principe, le droit romain l’interdisait aux suppliciés que personne ne pouvait identifier. Et pour cause, ces chrétiens torturés, broyés sous les crocs des bêtes ou brûlés par les flammes étaient méconnaissables. À ces martyrs anonymes s’ajoute un, au destin plus curieux encore, car il figure bel et bien au calendrier des saints. Il y apparaît mais sous un nom de fantaisie, Adauctus, Adaucte en français, ce qui signifie « l’Ajouté ».

« Moi aussi, je suis chrétien ! »

L’histoire se déroule, si l’on en croit la Tradition, en 304, au pic de la répression orchestrée contre l’Église par Dioclétien, à Rome. C’est par dizaines que, durant le séjour de l’empereur dans la Ville, les tribunaux envoient au martyre des fidèles, pour certains, comme sainte Agnès, tout juste sortis de l’enfance. Le spectacle attire chaque jour des curieux, mais aussi des frères et des sœurs venus soutenir les témoins dans l’épreuve. Ce jour-là, c’est un nommé Félix que le juge vient d’envoyer au bourreau et il s'avance vers la mort avec tant de courage et de foi que les assistants, pourtant blasés, restent admiratifs devant sa vaillance.

Comme il arrive au lieu de la mise à mort, un homme se détache de la foule et s’écrie : « Moi aussi, je suis chrétien ! Laissez-moi mourir avec lui ! » L’incident n’est pas si rare que cela. L’on a vu, un peu partout dans l’Empire, à toutes époques, des fidèles, soulevés soudain par l’exemple des martyrs, se dénoncer spontanément afin de partager la gloire des confesseurs et s’assurer le paradis, à bon prix, pensent-ils. À Pergame, tandis que l’on conduisait au bûcher l’évêque Carpos et le diacre Papylos, une jeune femme, Agathonicé, s’était levée des gradins en proclamant qu’elle « voyait le bienheureux festin de l’Agneau et que l’heure était venue pour elle de s’y asseoir ».

Confiant à une voisine son dernier-né, qu’elle allaitait encore, elle était allée rejoindre les deux hommes en chantant le cantique : « Seigneur, mon âme a fui vers Toi ! » C’était en février 251. En décembre 298, deux greffiers militaires, l’un, Cassien, à Tanger, l’autre, Genès, en Arles, avaient refusé de rédiger la sentence de condamnation de soldats et d’officiers chrétiens et les avaient accompagnés dans la mort.

En lieu et place du misérable

Il arrivait aussi que, spontanément, des fidèles viennent se substituer à un malheureux que la peur des supplices avait conduit à l’apostasie. À Éphèse, la jeune Denise s’était ainsi offerte en lieu et place du misérable qui venait de renier le Christ sous la torture, pour rien au demeurant, puisqu’il était mort quelques minutes plus tard de ses blessures.

L’histoire la plus belle, en ce domaine, même si certains n’y voient qu’une pieuse légende sur le pardon chrétien, est certainement celle de saint Nicéphore. Le drame se passe en Syrie, près d’Antioche. Nicéphore s’est brouillé depuis des années avec un prêtre du nom de Sapricius, qui fut jadis son ami. En apprenant l’arrestation et la condamnation de ce dernier, Nicéphore ne supporte pas l’idée de le laisser mourir sans s’être réconcilié avec lui. Il accourt sur le lieu de l’exécution et, se jetant au pied de Sapricius, lui baise les mains en disant : « Pardonne-moi, martyr du Christ ! » Mais Sapricius, le cœur endurci, détourne la tête et lui refuse son pardon. Soudain saisi de panique, Sapricius, pour échapper à la mort, apostasie à l’ultime seconde, perdant le mérite de sa confession. Alors, Nicéphore s’offrit à sa place au bourreau.

Mais revenons-en à notre passant bouleversé par l’attitude du martyr Félix et qui partagea son supplice et sa gloire. Martyr authentique, incontestable, c’était aussi un parfait inconnu. Nul ne le connaissait, même de vue, ni ne savait son nom. Sans doute était-ce un voyageur de passage. Alors, pour ne pas le priver de la gloire des autels, on l’inscrivit au calendrier sous un pseudonyme : l’Ajouté. Cet ouvrier de la dernière heure est célébré le 30 août.

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