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Ce qu’il y a de plus assourdissant en ces jours sinistres qui s’abattent sur l’Afghanistan, c’est sans doute le silence des voix si promptes à dénoncer les crimes et les abus dont de nombreuses femmes sont victimes au quotidien. Bien sûr, il y a quelques photos, quelques commentaires que diffusent les réseaux sociaux. Mais pour le reste, un silence de plomb.
Depuis des dizaines d’années, les États, les ONG, de nombreuses personnes de bonnes volontés ont soutenu et promu des initiatives dans ce pays pour permettre un meilleur accès à l’éducation des petites et jeunes filles, pour ouvrir les portes de la vie professionnelles à de nombreuses femmes. Elles sont aujourd’hui professeures, chefs d’entreprises, journalistes, blogueuses…
Progressivement, elles ont franchi des grillages qui semblaient au fil du temps être de moins en moins hermétiques. Et puis voilà que la fuite d’un régime politique corrompu par les millions de dollars déversés et détournés, la débandade d’une armée désabusée de soldats qui ne touchent pas leurs soldes; voilà que tout cela renvoie à l’âge de la pierre celles qui commençaient à croire à un avenir meilleur.
La prudence diplomatique pousse les grandes nations à espérer que les talibans deviennent fréquentables, avant, malheureusement, de devoir un jour soupirer comme le Premier ministre britannique Chamberlain autrefois, avec dépit que non, décidément, Mr Hitler is not a gentleman. Qu’ils soient talibans et trafiquants d’opium, ou membres de Daech et voyous sans culture, ceux qui se battent pour prendre la tête d’un califat fantasmé ne sauraient être des partenaires respectables. Ils n’ont d’autre ambition que le meurtre et l’argent.
Portés par une religion qu’ils poussent jusqu’au délire, ils savent très finement jouer l’arme la plus efficace dans notre monde globalisé, celle de la communication. Ils savent se présenter sous un jour séduisant pour nombre de jeunes gens qui se sentent isolés, rejetés, méprisés dans leurs pays d’origine, et qui rêvent d’une vie héroïque dans leur monde imaginaire.
La seule réponse qui puisse anéantir leur mensonge et les mettre nus devant les yeux de tous, c’est la réponse la plus immédiate, la plus simple en somme car la plus naturelle. Elle doit être portée par tous ceux qui ont une mère, une sœur, une épouse, une fille, une amie (ce qui fait tout de même beaucoup de monde !). Et elle tient en ces simples mots : « Ne touchez pas à elles ! »
On peut en effet laisser la petite musique s’instiller, qu’au nom du droit des cultures et des religions, il est naturel que tous n’aient pas les mêmes perceptions des droits de l’homme et de la femme. Mais alors on abdique l’idée même qu’il puisse y avoir un droit essentiel qui s’impose à tous. Ce droit est celui d’être traité à part égale, quel que soit son sexe, sa religion, sa culture. Il n’y a pas de différence de dignité entre les origines pas plus qu’entre les cultures. Mais il y a un droit qui transcende tout cela, et qui l’éclaire aussi.
Les afghanes ont cru possible de retrouver ces dernières années un parfum que leurs mères respiraient jusqu’aux années soixante-dix : parfum d’éducation, de liberté, de joie de vivre.
Quelle vision de l’homme cela soupçonne-t-il, qu’il faille obliger les femmes à cacher l’intégralité de leurs corps pour ne pas donner prise à la libido masculine ? Quelle vision de la femme cela signifie-t-il, qu’il faille de la puberté à sa mort, lui rappeler qu’elle est au mieux une proie et au pire le signe du péché ? Les afghanes ont cru possible de retrouver ces dernières années un parfum que leurs mères respiraient jusqu’aux années soixante-dix : parfum d’éducation, de liberté, de joie de vivre. Elles ne rêvaient pas de devenir françaises, britanniques ou américaines, mais d’être des Afghanes tout simplement, et de goûter à ce que la vie pouvait leur proposer de grand et de puissant.
Les voici abandonnées, y compris pas les défenseurs habituels des grandes causes qui préfèrent se taire sans qu’on sache bien pourquoi. Bien malin qui peut dire aujourd’hui ce qu’il faut faire en cette terre lointaine. Mais au moins, ne laissons pas s’installer dans nos têtes et dans nos villes ce qui fait leur misère là-bas.
Ce sera déjà une manière de laisser résonner jusqu’aux faubourgs de Kaboul, un appel d’espérance.