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Quand saint Genès de Rome, futur patron des comédiens, se moquait des chrétiens

SAINT GENESIUS
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Anne Bernet - publié le 24/08/21 - mis à jour le 04/08/23
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Tel est pris qui croyait prendre : c’est ainsi que le plus grand acteur païen du théâtre antique, Genès, devint le saint patron des comédiens. Il est fêté le 25 août.

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Avez-vous vu le Général della Rovere ? Non ? C’est dommage car il s’agit d’un des chefs-d'œuvre du cinéma italien de l’immédiat après-guerre, qui reçut, à sa sortie, le grand prix du film catholique. En 1943, désireux d’infiltrer la résistance italienne, les services de renseignement allemands substituent au véritable chef du mouvement, le général della Rovere, abattu alors qu’il venait d’atterrir en Italie, un escroc mondain sorti de prison contre promesse d’effacer son passé s’il accepte d’assumer le rôle du disparu. Tout irait très bien si le prétendu général della Rovere ne finissait par entrer dans la peau de son personnage, au point d’être incapable de trahir les compagnons qui lui ont fait confiance. Un acteur qui entre dans son rôle au point de ne plus établir de différence entre sa propre personnalité et le personnage qu’il incarne, le cas existe, mais savez-vous que cela arriva tout de bon au saint patron des comédiens, Genès ?

Le meilleur acteur d’Orient

En 303, à Nicomédie, capitale impériale de l’Orient, toute la cour est sous le choc d’un épouvantable scandale : le chef de la sécurité rapprochée de Dioclétien, le tribun Adrien, à trop fréquenter les prisons où l’on entasse les chrétiens, l’est devenu lui-même et il a confessé le Christ jusqu’à la mort. L’exemple a paru très fâcheux et l’on aimerait, en hauts lieux, faire oublier ce jeune homme et sa conversion. Pour cela, il a semblé bon de monter une pièce de théâtre qui mettrait Adrien en scène mais en le ridiculisant.

Afin de tenir son rôle, on s’adresse au meilleur acteur d’Orient, Genès, jeune premier de grand talent, mais surtout célèbre pour sa haine et son mépris des croyances chrétiennes. La cour sait pouvoir compter sur lui pour renvoyer d’Adrien une image si caricaturale qu’elle n’émouvra plus personne. Et Genès, qui sait ce qu’on attend de lui et ce qui plaît à son public, tient parfaitement sa partie. Adrien, tel qu’il l’incarne, n’est plus le héros tragique d’une magnifique aventure spirituelle mais un bouffon grotesque, aux prises avec des situations scabreuses ou obscènes. À chaque représentation, Genès fait salle comble et le public, hilare, se tient les côtes. 

Foudroyé par la grâce

Le meilleur moment du spectacle est la scène du baptême d’Adrien, ridiculisé autant que faire se peut. Or, ce soir-là, après la parodie de sacrement, Genès qui, d’ordinaire, se lance dans un discours comique, ne se relève pas. La tête entre les mains, comme en proie à une émotion indicible, il reste silencieux et, quand enfin, il se redresse, l’on peut constater qu’il pleure à chaudes larmes. D’une voix méconnaissable, il s’écrie en sanglotant : « Je suis chrétien ! » Le public croit à un nouvel effet comique et attend la suite en riant d’avance, mais rien ne se passe. Genès, toujours à genoux, continue de pleurer et répète : « Je suis chrétien. » Il faut se rendre à l’évidence. Tel saint Paul sur le chemin de Damas, le comédien vient d’être, sur scène, foudroyé par la grâce, jusqu’à lui faire confesser la foi qu’il moquait.

Le baptême du sang

Bien entendu, l’effet est cataclysmique, eu égard à la célébrité de Genès. Le César Galère, gendre de Dioclétien et son successeur désigné, va régler le problème à sa manière, expéditive. Les autres soirs, selon l’usage des théâtres romains, où le snuff movie est une réalité, l’on substitue, pour la dernière scène, celle du supplice d’Adrien, un vrai condamné chrétien à la vedette qui s’éclipse discrètement tandis que son infortunée doublure périt en scène dans de vraies flammes. Cette fois, c’est Genès qu’on ligotera sur le bûcher auquel l’on mettra le feu, lui offrant le baptême du sang.

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