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Alors que l’Afghanistan est à nouveau aux mains des talibans, Zabihullah Mujahid, leur porte-parole officiel, a proclamé l’Afghanistan "Émirat islamique d’Afghanistan" sur son compte Twitter officiel jeudi 19 août à l’occasion du 102ème anniversaire de l’indépendance du pays vis-à-vis de la domination britannique. Thomas Heine-Geldern, président exécutif de l’Aide à l’Église en détresse (AED), a dans la foulée exprimé ses profondes inquiétudes quant à la prise de pouvoir et au changement de nom du pays.
Porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid a proclamé l’Afghanistan “Émirat islamique d’Afghanistan” sur son compte Twitter jeudi 19 août. Des propos qui inquiètent Thomas Heine-Geldern, président exécutif de l’Aide à l’Église en détresse (AED).
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# Description:
The Islamic Emirate wants better diplomatic and trade relations with all countries.
We have not spoken about the lack of trade relations with any country.
The rumors that have been spread about this are not true and we reject it.— Zabihullah | .. ذبیح الله م (@zabihulah_m33) August 19, 2021
"Sous le régime de l’ancien Émirat d’Afghanistan (1996-2001), les talibans avaient imposé une version stricte de la charia dans tout le pays", explique-t-il. "Nous pouvons nous attendre à ce que l’islam sunnite devienne la religion officielle, à ce que la charia soit à nouveau imposée, et à ce que les libertés durement gagnées au cours des vingt dernières années dans le domaine des droits de l’homme, dont une relative liberté religieuse, soient révoquées".
Dans son rapport annuel sur la liberté religieuse, publié en avril 2021, l’AED s’était déjà inquiétée de la dégradation de la situation en Afghanistan. Depuis la création de ce rapport, c’est-à-dire vingt-deux ans, l’Afghanistan a toujours figuré parmi les pays qui violent le plus ce droit fondamental. Mais c’est surtout au cours des trois dernières années que le rapport a mis en lumière les attaques répétées et flagrantes à l’encontre des lieux de culte, des chefs religieux et des fidèles.
Pour Thomas Heine-Geldern les perspectives sont particulièrement inquiétantes. "Tous ceux qui n’épousent pas les vues islamistes extrêmes des talibans sont en danger, y compris les sunnites modérés", reprend-t-il. Les chiites (10%), la petite communauté chrétienne et toutes les autres minorités religieuses, déjà menacées, "subiront une oppression encore plus grande". Selon lui, "c’est un énorme revers pour tous les droits de l’homme et en particulier pour la liberté religieuse dans le pays".
Qu’en est-il de la communauté internationale ? "Un certain nombre de pays ont hélas rapidement exprimé leur sympathie pour le nouvel Émirat", souligne encore le président exécutif de l’AED. "Cela ne va pas seulement légitimer les talibans, mais aussi enhardir les régimes autoritaires du monde entier, en particulier dans la région, en provoquant des violations croissantes des libertés religieuses dans leurs propres pays". Il estime que la reconnaissance internationale des talibans agira également comme un aimant pour les plus petits groupes islamiques radicaux, créant une nouvelle constellation de factions terroristes religieuses qui pourraient supplanter des formations historiques telles qu’Al-Qaïda et l’État Islamique. "Nous sommes particulièrement préoccupés par le Pakistan, la Palestine et la province d'Idlib en Syrie", déplore-t-il. "La situation des chrétiens et des autres communautés religieuses minoritaires qui souffrent déjà de discrimination va encore se détériorer".
En l'absence de canaux officiels, les talibans répondront-ils aux revendications en matière de droits de l'homme ?
Il reste par ailleurs d’innombrables questions diplomatiques épineuses. La fuite inattendue et volontaire du président Ashraf Ghani crée des difficultés éthiques et morales pour l’Occident, car les pays participant aux pourparlers avec les talibans ont déclaré il y a quelques semaines qu’ils ne reconnaîtraient jamais un régime ayant pris le pouvoir par la force. "En l'absence de canaux officiels, les talibans répondront-ils aux revendications en matière de droits de l'homme ?", s’interroge Thomas Heine-Geldern. "Le fait que la plupart des ambassades occidentales ferment et que les observateurs internationaux partent, comme ils l’ont fait en Syrie en 2011, n’est pas de bon augure".