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À quelques kilomètres de Troyes, à la lisière de la forêt d’Othe, la petite ville de Villemaur-sur-Vanne, autrefois carrefour important d’échanges commerciaux, a hérité d’un patrimoine artistique médiéval exceptionnel. Pour en découvrir le plus beau vestige, il faut pousser la porte de l’austère collégiale Notre-Dame au clocher surprenant. Haut de 33 mètres, il est recouvert de bardeaux de châtaignier datant du XVIe siècle.
Mais la pièce-maîtresse de l’édifice, qui accueillait autrefois une dizaine de chanoines, n’est autre que le surprenant jubé qui trône encore fièrement entre le chœur et la nef. Souvent détruites en raison des évolutions liturgiques qui apparaissent avec le Concile de Trente, les clôtures de chœur sont aujourd’hui rares en France. Elles servaient à isoler le chœur de la nef et masquaient ainsi aux fidèles la consécration, dont le mystère était, à l’époque, réservé aux clercs qui célébraient la messe. Grâce à ses escaliers, la clôture permettait également d’être utilisée comme chaire à prêcher. De là-haut, le prêtre lisait et commentait l’Évangile. À Villemaur-sur-Vanne, en plus d’être parfaitement conservé, le jubé a la particularité d’être construit entièrement en bois ! Un détail qui fait de lui l’un des plus beaux à admirer en France.
Réalisé en 1521 par les frères Guyon comme une véritable bande-dessinée, le retable de Villemaur-sur-Vanne, qui mélange style gothique et renaissance, présente pas moins de 26 scènes illustrant la vie de la Vierge et du Christ. Tout en gardant ce style champenois si caractéristique de la région, les sculpteurs n'ont pas hésité à puiser allègrement dans les œuvres des grands maîtres de l’époque comme Durer, Cranach l’Ancien ou encore Schongauer. En témoigne la ressemblance évidente entre certains bas-reliefs du jubé et les gravures qui circulaient à l’époque. Ces panneaux historiés, d’une incroyable finesse, reposent sur une tribune tout aussi édifiante par sa beauté. D’une grande légèreté, elle est ornée d’arabesques et de grotesques très à la mode à l’époque. En s’approchant un peu plus près du jubé, le fidèle pourra apercevoir une multitude de détails amusants cachés dans les moindre recoins, comme des visages humains, des anges ou encore des monstres, griffons et autres créatures extraordinaires inspirées du bestiaire fantastique.
Autrefois polychrome, le jubé a malheureusement fait l’objet d’un décapage sévère dans les années 1960. Seul le calvaire placé au-dessus, présentant saint Jean et la Vierge Marie au pied du Christ en croix, a conservé des couleurs. À l’occasion des 500 ans de ce joyau, la commune a organisé de nombreuses festivités qui se tiendront jusqu’en septembre. La route des vacances est l’occasion parfaite d’aller admirer ce vestige liturgique et artistique sauvé in extremis par le ministère de la Culture en 1907 après le souhait de la commune de vendre le jubé pour financer d’autres travaux. Par chance, les premiers panneaux, qui avaient été démontés dans le cadre de ce projet, ont vite été replacés et n’ont plus jamais bougé depuis !