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Un début d’année meurtrier pour les chrétiens du Nigeria

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Lauriane Vofo Kana - publié le 29/07/21
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3.462 chrétiens ont été tués au Nigeria lors des sept premiers mois de l'année selon l'ONG locale Intersociety. Un chiffre d'autant plus glaçant qu'il est quasiment égal au nombre total de victimes chrétiennes dénombrées tout au long de l'année 2020.

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Le Nigeria figure tristement sur de nombreux index des persécutions contre les chrétiens. Dans un rapport publié par l'ONG nigériane Intersociety, le pays le plus peuplé du continent africain comptabilise presque autant de victimes chrétiennes au cours des sept premiers mois de l'année 2021 que sur l'ensemble de l'année 2020. Soit environ 17 morts par jour.

Au 18 juillet ce sont 3.462 chrétiens qui auraient péri depuis le début de l'année. Entre janvier et avril, 2.200 étaient kidnappés. On considère aujourd'hui que la moitié d'entre eux sont morts en détention. L'État de Benue, à l'est du Nigeria se démarque tristement. 450 personnes seraient décédées dans les six derniers mois. Dans l'état de Taraba où 240 personnes ont péri, au moins 70 églises y ont été incendiées ou saccagées.

Au nord-ouest du pays, bergers nomades traditionnellement musulmans et agriculteurs chrétiens se font face. Sur fond de crise environnementale qui cristallise les tensions, les bergers en quête de terres plus verdoyantes pour leur bétail attaquent les cultivateurs.
En l'espace de 200 jours, des bergers peuls (aussi appelés fulanis musulmans) djihadistes se seraient rendus responsables de la mort d'au moins 1.900 chrétiens. Un décompte macabre qui s'alourdit avec la prise en compte du groupe terroriste Boko Haram, de l'État islamique en Afrique de l'Ouest et de bandits peuls. Ces trois groupes auraient causé la mort de 1.063 chrétiens. Entre motifs idéologiques et appât du gain, leurs motivations restent parfois obscures.

Quand les autorités n'ont pas perdu la main face à ces groupes, elles sont à l'origine de violences contre les chrétiens. En se basant sur le récit de témoins oculaires, de victimes et de sources locales et internationale, l'organisation Intersociety estime qu'environ 490 décès peuvent leur être imputés. Le manque de poursuites à l'encontre d'auteurs de crimes contribue au sentiment d'impunité. Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque du diocèse de Sokoto au nord-ouest d'Abuja, estimait que le gouvernement était "soit dépassé soit indifférent" face à la situation. Au cours d'une intervention au premier sommet international pour la liberté religieuse, il a décrit le calvaire des fidèles de son diocèse. Dans sa région, des gangs des bandits essentiellement issus de la tribu Fulani attaquent la minorité chrétienne et d'autres musulmans de la tribu Haoussa.

Le gouvernement du président Muhammadu Buhari est tenu en échec par les groupes qui minent la vie des Nigérians. L'ex-général, au pouvoir depuis 2015, n'est pas parvenu à assurer la sécurité et la stabilité du pays. Le Nigeria souffre des enlèvements perpétrés par des groupuscules extrémistes, des réseaux de traites humaines et du terrorisme. À cela s'ajoute la menace de sécession. Dans ce climat délétère, la conférence des évêques du Nigeria réaffirmait en février dernier son engagement en faveur d'un Nigeria pacifié. "Nous prions et nous demandons à chacun de prier et d'œuvrer pour un Nigeria uni, au service de Dieu, dans lequel le principe du bien commun adviendrait et serait précieusement conservé."

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