Jacqueline Kelen, écrivain, explore à travers ses ouvrages, les richesses de la vie intérieure. Elle propose aux lecteurs d’Aleteia quatre méditations sur les vacances. Si le temps des vacances d’été offre un repos salutaire, il permet aussi de se « désencombrer » pour permettre l’union de l’âme avec Dieu. (1/4)
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Pour la plupart des contemporains, les vacances évoquent un temps de repos et de loisirs, de voyages plus ou moins lointains, de fêtes et de retrouvailles, un temps heureux dénué d’horaires et d’obligations.
Le mot français vient du verbe latin « vacare », qui signifie : être vacant, vide. Le verbe « vaquer » est peu employé, sauf par les moines qui traditionnellement disent qu’ils « vaquent à Dieu ». C’est-à-dire qu’ils se dégagent de tout ce qui apparaît futile ou provisoire afin de se livrer à l’essentiel : au silence, à la prière et à l’étude, à la connaissance et à l’amour de Dieu.
A la fin du XIIIème siècle, le théologien et grand prédicateur Maître Eckhart, né en Thuringe dans l’actuelle Allemagne, consacre plusieurs traités et sermons à ce thème majeur de la vie intérieure qu’est le détachement, le « désencombrement » selon ses termes. Il s’agit de faire de la place, de se délester de tout ce qui pèse et fait barrage, de se déposséder de soi afin d’approcher du centre, du « fond de l’être », et de permettre ainsi l’union de l’âme avec Dieu.
Près de trois siècles plus tard, le mystique d’origine espagnole Jean de la Croix (1542-1591) affirme sans ambages, dans la Montée du mont Carmel : « Pour aller à Dieu, il faut se vider de tout ce qui n’est pas Dieu. »
Une telle radicalité peut faire frémir : le chemin spirituel serait-il si ardu ? Faudrait-il mépriser les beautés et bienfaits de ce monde, les plaisirs de l’existence, les rires, les danses, les conversations et les jeux, les randonnées et les repas sous les étoiles… ?
Ce que, en hommes d’expérience, Johann Eckhart et Jean de la Croix rappellent aux chrétiens, c’est de ne jamais, en aucune circonstance, oublier « l’Unique Nécessaire », car là est la Vie véritable. En 1860, le Curé d’Ars, avec sa simplicité habituelle, le formule ainsi : « Nous ne devrions pas plus perdre la présence de Dieu que nous ne perdons la respiration. »
Ainsi, dans le temps propice des vacances, on peut rechercher le silence, la tranquillité, la lecture, la contemplation de la nature, plutôt que des activités multiples et bruyantes où l’on s’étourdit, où s’efface la présence divine. Savourer le calme intérieur est déjà approche de la profondeur. Et se sentir en paix dispense autour de soi harmonie et joie. Dès lors, le « détachement » qui semblait si austère résonne différemment : il ouvre à la légèreté et à la liberté.