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Jusqu’à la campagne de Russie en 1812, Napoléon Bonaparte est auréolé non seulement d’une gloire militaire mais également d’une toute autre gloire, bien étonnante pour celui qui n’a pas été tendre avec la religion catholique. En effet, le 15 août, ce n’est pas la solennité de l’Assomption pour Napoléon car il a trouvé mieux ! S'agissant du jour de sa naissance et de l'anniversaire de la signature du Concordat en 1801 — symbole d’un retour à l’ordre civil et religieux — Bonaparte a naturellement décidé que serait fêté en France la "saint Napoléon" !
Une gloire religieuse pour l’empereur existe bel et bien. Il n'est pas rare, en effet, de trouver des tableaux, vitraux ou même des statues représentent Napoléon sous les traits d’un dieu romain, allant même jusqu’à le représenter dans une attitude quasi christique sortant du tombeau de sainte-Hélène et ressuscitant pour symboliser la gloire éternelle de l’Empire.
Mais la célébration du 15 août de saint Napoléon n’est pas liée à une quelconque canonisation avant l'heure de l'empereur. Cette fête prend racine à partir d’un obscur martyr du IVe siècle. Publié en 1846, la Légende Céleste : nouvelle histoire de la vie des saints, présente saint Népol ou Néopolus, un martyr persécuté sous le règle de Dioclétien et Maximien :
Il n’est guère étonnant de voir qu’un parallèle est tissé entre Népol et le général Bonaparte qui, en 1801, rentrait de sa campagne d’Égypte. Pèlerinage sur les pas de son saint patron ou simple coïncidence imaginée par l’auteur de l’hagiographie napoléonienne ?
Mais l’histoire sainte de Népol ne s’arrête pas ici. En 1815 est publié, à Paris, L’Epître selon saint Napoléon. C’est l’année des Cent-Jours, au moment du retour de Napoléon de son premier exil sur l’île d’Elbe avant qu’il ne soit envoyé définitivement sur l’île de Sainte-Hélène où il finira ses jours. L’auteur de cet épitre, puisqu’il n’en est rien antique, souhaitait souligner le lien entre l’empereur et la religion, Népol et même le Christ :
Le culte de saint Napoléon appartient certainement plus à la politique qu’à l’hagiographie, et a connu une grande impulsion après la victoire d’Austerlitz en décembre 1805. Afin de gagner la sympathie des catholiques, dans une période troublée où les fêtes religieuses sont mêlées aux fêtes révolutionnaires, beaucoup ont chercher à donner au nom de Napoléon un caractère sacré pour faire opposition à la tradition qui liait depuis longtemps les Bourbon à saint Louis et qui continuait à inspirer les ambitions des légitimistes français.
Pendant tout le Premier Empire, le 15 août est devenu jour de la fête nationale et, même sous Napoléon III, la fête patronale de l’empereur était d'une importance capitale. Tout au long du XIXe siècle, des célébrations mettaient en avant la gloire de l’empereur et de son divin avènement sur le trône impérial !
Promenez-vous à Milan, vous trouverez un légionnaire romain sous les traits de Napoléon. À Vichy, des vitraux représentent l’empereur auréolé. Dans bien d’autres endroits, saint Napoléon, au physique étrangement ressemblant à l’empereur, est présent un peu partout.
À Milan, dans le musée du Duomo, on retrouve, dans les collections, certains modèles en plâtre du XIXe siècle de nombreux artistes gravitant autour de l’Academia di Brera. Parmi
ces œuvres se trouve une statue étonnante réalisée par Abbondio Sangiorgio en 1858
représentant saint Napoléon. La sculpture s’inscrit dans une série réalisée dans le but de rendre hommage aux puissances européennes contemporaines : dans le cas présent, le lien avec l’empereur français se concrétise non seulement par le choix du sujet, mais aussi par la ressemblance qui fait clairement référence au visage du jeune Napoléon Bonaparte.
Statues, peintures ou même vitraux, l’art religieux du XIXe siècle a été le moyen de faire passer des messages napoléoniens afin de remettre sur son piédestal l’empereur qui, en 1821 s’est éteint au milieu de l’océan sur l’île perdue de Sainte-Hélène.