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Des inondations effrayantes n’auront pas eu raison de nos polémiques franco-françaises sur les règles de vaccination. Alors que nous nous interrogeons gravement sur la manière de pouvoir prendre nos trois repas par jour au restaurant, des centaines de millions de nos contemporains se demandent simplement avec quoi ils pourraient bien faire bouillir leur marmite. Évidemment, comparaison n’est pas raison, mais tout de même : alors que le tourisme spatial inaugure ses premiers vols pour une poignée de milliardaires qui dépenseront sans compter pour acquérir le ticket vers le septième ciel, des millions de miséreux tentent de mastiquer des racines ou du cuir bouilli pour tromper leur faim.
Je me souviens, enfant, de me demander ce que cela pourrait bien changer pour les petits enfants d’Éthiopie ou d’ailleurs, que je finisse ou pas mon assiette d’épinards. Les restes du plat n’auraient de toute façon pas fini dans leurs estomacs. Il nous faut parfois des années pour comprendre ce qu’est un symbole. Et pour comprendre aussi combien nos conduites personnelles influent sur la vie des autres.
Nous pouvons certes rêver d’exister comme si nous n’avions de compte à rendre à personne : attachés à nos libertés personnelles en proclamant qu’elles sont garanties par la démocratie, les droits de l’homme ou je ne sais quoi d’autre. Mais il nous faut alors, pour être justes avec cette profession de foi, nous isoler loin de tous et cultiver notre jardin en coupant tout lien avec quiconque d’étranger au petit clan avec lequel nous décidons de vivre. Je ne connais pas grand-chose au foot mais j’entends qu’on y parle beaucoup de « collectif ». Comment ce mot peut-il être si à la mode dans un sport assez futile, et aussi exilé de nos esprits dans nos vies quotidiennes ?
L’inquiétant n’est pas tant que les réflexes de peur se multiplient et entraînent repli sur soi et revendication autonomiste. L’inquiétant est que ces paroles soient aujourd’hui excusées voire justifiées
Que la confiance en la parole publique soit meurtrie par des mensonges — même par omission — de nos responsables politiques, nul ne peut le nier et faire comme si cela n’était pas. Mais cela suffit-il à justifier les comportements privés les plus égoïstes et les plus paranoïaques ? Que des sceptiques aillent fébrilement extirper d’Internet des témoignages qui ne se fondent sur rien de sérieux et de vérifiable pour étayer leurs propres angoisses, cela peut aussi s’expliquer, mais est-ce pour autant raisonnable ?
Que ce serait-il passé si nos grands-parents avaient eu la possibilité de puiser leurs informations sur Internet en 1916 où 1940 ? Ils auraient sans doute compris plus vite qu’un État en temps de crise a recours parfois au mensonge et que la propagande est le mode de communication habituel de tout gouvernement. Mais seraient-ils tombés aussitôt dans les bras d’autres propagandistes au seul prétexte qu’ils s’opposaient au discours officiel ?
L’inquiétant n’est pas tant que les réflexes de peur se multiplient et entraînent repli sur soi et revendication autonomiste. L’inquiétant est que ces paroles soient aujourd’hui excusées voire justifiées et même véhiculées par des baptisés. Non que le chrétien doive moutonner, au contraire ! C’est précisément parce qu’il se doit d’être le porteur de la lumière de la Vérité qu’il doit se méfier des discours errants. Nul ne sait ce qu’il adviendra demain. Mais nous savons qu’il nous est donné de bâtir aujourd’hui ce Royaume où les hommes, en Jésus Christ, sont frères, c’est-à-dire solidaires comme les membres d’un même corps, où la puissance des uns ne se justifie que dans le devoir de protéger les plus faibles.