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Je suis un imposteur. Ou du moins, c'est la pensée qui m'assaille quand je suis en chaire à la messe et que je donne à une église remplie de fidèles des paroles à méditer. Pendant que je prêche, je me demande s'ils savent à quel point j'étais impatient sur le chemin de l'église, ou à quel point je me suis énervé lorsque j'ai fait brûler ma tartine au petit déjeuner. Les sentiments qui me viennent sont alors de ne pas être à ma place, de faire un travail pour lequel je ne suis pas qualifié et que je prétends simplement être compétent pour le remplir. Qui suis-je pour penser que je peux être un bon prêtre catholique ?
À d'autres moments, le pendule oscille et j'ai le problème inverse. La fierté s'installe et je suis convaincu que je suis très sage, que personne d'autre n'est aussi bon prêtre que moi et que je mérite peut-être la paroisse la plus grande et la plus belle du diocèse. Encore une fois, c'est une manière de ne pas être à ma place. Rien n'est jamais assez bon et peu importe à quel point ma situation actuelle est merveilleuse, je pense à ce qui aurait pu être autrement et je suis jaloux de ce que les autres ont. Ces deux mentalités sont dommageables. Les deux détruisent le moment présent et représentent un refus de chérir sa place dans le monde. C'est un manque de confiance.
Quand je lis saint Bonaventure, je me rends compte que je suis là où je dois être.
C'est un défi majeur de pouvoir accepter qui nous sommes, où nous sommes et à quel point nous pouvons vraiment être heureux. C'est tellement irrationnel, de rejeter ce qui est juste devant nous, de nous aliéner volontairement de nos propres vies, et pourtant nous le faisons tous. Pensez au parent qui souhaite avoir moins d'enfants ou plus d'enfants, à l'employé qui se plaint et fait part de son insatisfaction au travail, au désir permanent d'avoir une maison plus grande, d'une voiture plus chic, d'un groupe d'amis différent et plus accompli. Nous nous convainquons que personne ne nous comprend vraiment, personne ne nous apprécie, et nous sommes à la dérive et flottant dans la vie. Ce sentiment d'itinérance nous amène à voir le monde et notre place dans celui-ci avec une vision déformée.
Dans des moments comme celui-ci, nous pouvons nous tourner vers saint Bonaventure pour obtenir de précieux conseils. Bonaventure est un moine franciscain qui a vécu au XIIIème siècle. Il a étudié à la Sorbonne et s'est lié d'amitié avec un certain nombre de sommités de l'époque, dont saint Thomas d'Aquin et saint Louis. Il n'était pas aussi intelligent que Thomas d'Aquin mais n'a jamais été jaloux, insistant pour que son ami reçoive son diplôme avant lui en signe d'honneur. Bonaventure n'était pas aussi riche ou puissant que Louis IX, mais il n'a jamais souhaité échanger leur place. Après avoir obtenu son diplôme, le pape Grégoire a essayé de faire de lui un archevêque, mais ce n'était pas le bon endroit pour Bonaventure et il a refusé. Finalement, il est devenu le chef de l'Ordre franciscain et parmi ses écrits se trouve la méditation classique Le voyage de l'esprit vers Dieu.
Bonaventure était un homme qui connaissait sa place dans le monde. Il était en paix avec sa vie, ses choix et prenait une grande joie à réaliser sa vocation. Dans Le voyage de l'esprit vers Dieu, il offre trois conseils utiles sur la façon dont nous pouvons atteindre cette paix.
1ENQUÊTER DE MANIÈRE RATIONNELLE
2CROIRE FIDÈLEMENT
Ensuite, dit saint Bonaventure, nous considérons le monde dans son "origine, son développement et sa fin". Cela nous rappelle qu'il y a une progression dans nos vies et que nous sommes en chemin. Il encourage la gratitude pour les bénédictions passées, la gratitude pour le présent et l'espoir pour l'avenir. Nous devons avoir foi dans la bonté ultime du monde et dans la direction que prend notre vie.
3CONTEMPLER INTELLECTUELLEMENT
En fin de compte, quand je lis saint Bonaventure, il m'aide à me rappeler que quoi que nous fassions, cela compte. Nos vies comptent, notre famille, nos amis, nos pensées, nos émotions, notre travail et nos loisirs comptent. Il importe que ma tasse de café soit bonne le matin et que j'aie vu une fleur particulièrement agréable en promenant le chien après le travail. Ma vie est importante. Votre vie est importante. Rien n'est parfait, mais quand je lis saint Bonaventure, je me rends compte que je suis là où je dois être.