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Rome, 257. C’est une soirée comme les autres pour la plupart des habitants. Le soleil a presque entièrement disparu à l’horizon et la lumière des lanternes éclaire les chaumières. Alors que la plupart des romains rentrent chez eux, les chrétiens sortent pour assister à la messe.
Dans cette petite foule, composée de citadins et de paysans, se trouve un jeune garçon. Pas tout à fait adulte, plus tout à fait enfant, Tarcisius écoute attentivement les récits des apôtres. La parole du Christ est la lumière qui le guide pour la semaine. Jésus demande de croire, alors il croit. Le Christ promet la vie éternelle à celui qui le suit et observe les commandements, alors Tarsicius s'exécute. Le Fils de l’Homme ne demande que deux choses : de l’aimer et d’aimer les autres. Alors Tarcisius choisit d’aimer.
Lorsque le prêtre bénit le pain et le vin, le garçon tombe à genoux comme frappé par la foudre. Car une fois bénies, les offrandes deviennent celui qui est mort pour ce monde ingrat. Jamais aucune idole ne s'est ainsi abaissée pour l’humanité entière. Aucun dieu païen n’aime ceux qui ne l’aiment pas. Comment ne pas L’honorer et Le contempler?
Et sous cette forme, Il veut se donner à eux tout entier. Les larmes coulent sur les joues du garçon tant il est heureux de faire partie de l’Église de Dieu. Son cœur bat si fort qu’il est à bout de souffle. Alors il se recueille dans la présence du Christ et l’honore.
Il reçoit ensuite la communion des mains du prêtre et prie à nouveau. Car ce soir, on lui confie une mission de la plus haute importance. Un de leurs frères chrétiens n’a pas pu venir ce dimanche. Le malheureux est âgé et non loin de la mort. Alors chaque semaine, on choisit quelqu’un pour lui porter l’hostie. Le prêtre, qui connaît la pureté de Tarcisius, a décidé de lui confier cette mission.
À la fin de la messe, il appelle le garçon pour le bénir.
Il fait complètement nuit à présent. Tarcisius avance au pas de course pour amener le Christ à destination aussi rapidement que possible. Il tient la petite hostie bien fort de peur qu’elle ne lui échappe.
Soudain, il aperçoit un groupe de cinq ou six garçons. Il les connaît bien. C’est une bande de bagarreurs qui lui cherchent toujours querelle parce qu’il est chrétien. À en juger par leur pas titubant, et leur rire gras, ils sont ivres. Mieux vaut faire un détour. Mais à peine fait-il un pas, que les gaillards le repère.
Le garçon tressaille. Il recule pour s’enfuir, mais c’est trop tard. Les bagarreurs forment déjà un cercle autour de lui. Alors Tarcisius sert la petite boite contre contre sa poitrine.
D’abord, on essaye de la lui retirer de force, mais il tient bon. Ses assaillants le griffent et le pincent mais il ne lâche rien. Hors de question de laisser les saintes espèces tomber entre des mains impies ! La résistance du jeune chrétien agite malheureusement les ivrognes. Ne pouvant lui arracher son trésor, les méchants le jettent à terre et le rouent de coups. Dans les jambes, dans les côtes et à la tête, sans merci ! Le sang coule, les os craquent, mais Tarcisius ne bronche pas.
Soudainement, les gaillards se figent. Tarcisius ne bouge plus. Sa poitrine ne se lève plus, et son corps n’est plus crispé. On l’appelle mais il ne répond pas. Réalisant leur crime, les coupables s'enfuient. Le lendemain, on retrouve le corps sans vie de Tarcisius. On appelle alors le prêtre. Saisi de tristesse, l’homme de Dieu pleure le garçon. Mais lorsqu’il pose sa main sur celle de Tarcisius, celle-ci relâche enfin son étreinte. Les saintes espèces n’ont pas été souillées.
Le pape Damase Ier (305-384), qui œuvre pour le culte des martyrs, fait graver ces inscriptions en latin sur son tombeau :