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Pibrac, 1591. Lorsque Germaine s’éveille dans son grabat, il fait encore nuit. Le coq n’a pas encore chanté, mais elle se lève quand même et quitte son placard. Depuis que son père s’est remarié, c’est la seule pièce que sa belle-mère la laisse occuper dans la maison. Mais Germaine s’en accommode. Elle enfile ses sabots et se hâte d’aller à la messe. Chétive et fragile, il lui faut du temps pour y arriver. Mais il n'y a pas de meilleur ressourcement pour la petite bergère que la liturgie matinale.
À l’église, elle s’adresse à la Vierge Marie, son amie de toujours et la remercie de veiller sur elle. Elle lui confie sa maman, décédée le jour de sa naissance. Son papa, Laurent Cousin, qui ne peut la regarder sans tristesse ou mépris. Mais elle confie également sa belle-mère. Celle qui la tourmente et qui la traite comme une servante. Sans amertume, sans rancune, elle pardonne les méchancetés de celle qui la malmène.
- Maman de Jésus, faites que ma belle-mère soit heureuse, demande-t-elle à sa confidente.
À la fin de la messe, Germaine reprend le chemin de la ferme pour emmener paître son troupeau. Sa tâche de bergère est une idée de sa belle-mère pour la tenir éloigné de ses enfants à elle. Mais encore une fois, Germaine s’en accommode fort bien. En gardant ses brebis, elle peut encore prier et discuter avec le Seigneur seul à seul. Il n'y a pas de meilleur moment pour se recueillir et prier le chapelet. Ses journées en compagnie de Jésus font tout le bonheur de la jeune infirme.
Au retour des champs, après avoir compté ses brebis, Germaine revient à la maison. Même si le soleil se couche, il lui reste une tâche à accomplir : visiter les pauvres dans la rue et leur offrir à manger. Partie intégrante de son quotidien.
Sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l’attention, elle retourne dans son placard pour récupérer dans son tablier une collection de croûtons de pain. Chaque soir, on lui accorde un maigre repas accompagné d’un misérable bout de pain noir. Au lieu de manger le pain, Germaine le garde pour les pauvres qui n’ont rien.
Mais alors qu’elle s’apprête à quitter la maison avec son tablier plein, sa belle-mère surgit de la cuisine.
- Qu’as-tu donc là, mauvaise fille ? Du pain n’est-ce pas ? Tu voles le pain de mes enfants, voleuse !
Sans lui laisser le temps de s’expliquer, la marâtre tire sur le tablier. La main atrophiée de Germaine ne peut retenir le tissu.
Mais ce ne sont pas des croûtons de pain qui s’étale à leurs pieds. Au lieu d’une cacophonie de miettes, de magnifiques roses de toutes les couleurs atterrissent silencieusement sur le sol. Un délicieux parfum remplit la pièce. En un clin d’œil, la colère de la marâtre disparaît, éclipsée par la beauté des fleurs.
Germaine Cousin s’éteint dans son sommeil le 15 juin 1601. Si les miracles de son vivant n’ont pas été officiellement reconnus, l’Église lui reconnaît plusieurs cas de guérison et de multiplication de nourriture. Elle est canonisée par Pie IX en 1867. Elle est sainte patronne des malades, des déshérités et des bergers.
Son corps est retrouvé intact à plusieurs reprises. Mais il est trempé dans de la chaux vive à la Révolution. Si Dieu choisit les plus brillants pour éclairer les âmes, Il choisit les plus petits pour se révéler à elles.