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Un millier de roquettes tirées vers Israël, des frappes continues sur la bande de Gaza et un bilan déjà lourd : au moins 56 morts à Gaza et six personnes tuées en Israël depuis le déclenchement des hostilités lundi. Les tensions entre la police israélienne et des Palestiniens sur l’esplanade des mosquées il y a quelques jours ont laissé place à un affrontement entre le Hamas et l’État hébreu qui ne donne jusqu’à présent aucun signe d’apaisement et fait craindre une "guerre à grande échelle", a alerté l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland.
Si les raisons de ce nouvel affrontement sont les mêmes que celles qui ont mené au début du conflit israélo-palestinien, les étincelles qui ont mis le feu il y a quelques jours sont multiples. Il y a d’abord les expulsions de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, au profit de colons juifs. Mais aussi l’installation par les autorités israéliennes de barrières sur les escaliers près de la porte de Damas (où de jeunes musulmans se rassemblent habituellement après la prière). La charge menée par la police israélienne sur l’esplanade des mosquées a été la ligne rouge. "Israël et la Palestine vivent une relation d’injustice structurelle depuis des années et la tranquillité relative des derniers temps était due à une surpuissance d’un côté et une fatigue de l’autre", analyse frère Olivier-Thomas Venard, dominicain et professeur de Nouveau Testament à l’école biblique de Jérusalem.
"La violence n’engendre que la violence. Ça suffit avec les affrontements", a réagi dimanche le pape François. Les chefs des Églises de Jérusalem lui ont emboité le pas : "Ces nouveaux affrontements, que ce soit à la mosquée Al Aqsa ou à Sheikh Jarrah, violent le caractère sacré du peuple de Jérusalem et de Jérusalem en tant que ville de la paix", ont-ils dénoncé. "Les actions qui portent atteinte à la sécurité des fidèles et à la dignité des Palestiniens qui font l’objet d’une expulsion sont inacceptables". Mais à part dénoncer une escalade de violences et appeler à une réaction de la communauté internationale, les chrétiens, sur place, sont impuissants.
On parle déjà de troisième intifada. Il y a donc de quoi être inquiet.
"On parle déjà de troisième intifada. Il y a donc de quoi être inquiet", reconnaît volontiers frère Olivier-Thomas Venard. "En même temps nous sommes incités à nous enraciner dans la Paix qui vient de la foi, de l’espérance et de la charité, souligne-t-il. Par définition nous n’avons de puissance que la parole et le témoignage... car ce n’est ni à Jérusalem ni ailleurs mais en esprit et en vérité que Jésus nous appelle à adorer".
Directeur du bureau média du patriarcat latin, Saher Kawas, chrétien palestinien, ne cache pas son désarroi. "En tant que chrétien et palestinien, je ressens les mêmes sentiments de colère, de tristesse et d’humiliation que les musulmans palestiniens, face au traitement des autorités israéliennes", assure-t-il. "Plusieurs fois j’ai été humilié par la police israélienne en venant au travail de Bethléem à Jérusalem. Presque tous les jours, le bus que je prends au checkpoint se fait arrêter par les soldats israéliens pour un contrôle. C’est vraiment démoralisant. Le fait que je suis chrétien n’est pas important pour la police ou les soldats. Ils ne retiennent que le côté palestinien".
Parce qu’ils risquent des représailles sur la vie de leurs paroisses, que ce soit en Palestine ou en Israël, les représentants des églises chrétiennes se retrouvent dans des situations extrêmement délicates. "En tant que chrétiens, tout en étant en particulière proximité avec nos frères chrétiens palestiniens justement solidaires de leur nation, nous partageons notre compassion avec tous car il y a des victimes de tous les côtés", résume frère Olivier-Thomas Venard. "Nous devons assurer une présence par des pèlerinages afin d’attester notre attachement à cette terre sans vouloir la posséder ainsi qu’à tous ses habitants en étant de l’huile dans les rouages plutôt que de l’huile sur le feu. Mais entre enfermements anti-Covid et déchaînement de la violence quand cela sera—t-il de nouveau possible ?".